Soutien par les pairs

Le soutien par les pairs est une méthode d’intervention qui permet à une personne ayant connu une quelconque difficulté d’utiliser son vécu et son processus de rétablissement pour aider quelqu’un d’autre qui vit une situation semblable. Celui ou celle qui offre son soutien peut servir de modèle pour la personne aidée et valider la souffrance qu’elle éprouve ou la difficulté qu’elle vit. Ainsi, cette personne est susceptible de retrouver l’espoir dont elle a besoin pour poursuivre son processus de rétablissement ou son cheminement.

Dans les établissements d’enseignement supérieur, les programmes de soutien par les pairs consistent à jumeler une personne aux études à une autre à qui elle offre une écoute ponctuelle et un soutien confidentiel. Les rencontres sont déterminées au préalable et se déroulent dans un local où la confidentialité est protégée. Le soutien par les pairs implique une relation égalitaire et horizontale entre la personne qui fournit de l’aide et celle qui la reçoit. Les deux personnes retirent donc des bénéfices de la relation. La personne aidante n’adopte pas une approche professionnelle ou thérapeutique. Au besoin, elle oriente la personne accompagnée vers les ressources nécessaires.

D’autres formes d’aide par les pairs, comme le tutorat et le mentorat, peuvent répondre aux différents besoins de la population étudiante.

La mise en œuvre d’un programme de soutien par les pairs varie en fonction des structures existantes et de la disponibilité des ressources dans les établissements. L’Université de Montréal propose, dans un guide d’implantation d’un programme de pairs aidants et paires aidantes , des étapes qui peuvent servir de repères pour mettre en place ce type de programme :

1. Signifier à la faculté, au département ou à la direction de programme l’intérêt d’implanter un programme de soutien par les pairs.
2. Désigner une ou un responsable du programme.
3. Contacter la direction du centre d’aide aux étudiantes et étudiants de l’établissement pour solliciter sa participation.
4. Évaluer et valider la faisabilité de l’implantation (dispositions à prendre, ressources, partenariats).
5. Trouver et aménager le local où les rencontres auront lieu.
6. Recruter une personne qui coordonnera le programme.
7. Recruter les paires aidantes et les pairs aidants.
8. Former les personnes aidantes.
9. Assurer le suivi de l’implantation.
10. Mettre en place un comité consultatif.

Le choix des paires aidantes et pairs aidants est crucial pour la qualité des services offerts. Voici plusieurs aspects à garder en tête lors de la sélection de ces personnes :

• l’implication et le respect de ses engagements;
• le désir de donner au suivant et l’entraide;
• une bonne connaissance et conscience de soi;
• l’ouverture et une attitude de non-jugement.

Par ailleurs, la personne aidante doit pouvoir adopter les différents rôles suivants.

Rôle de conseil : offrir des conseils pratiques issus de sa propre expérience et guider les intervenants professionnels selon sa connaissance de la personne, au besoin.

Rôle de médiation : aider à rétablir des liens rompus avec les amis et la famille et à entrer en relation avec du personnel soignant, au besoin.

Rôle de témoin : aider la personne à donner un sens à ce qu’elle vit.

Rôle de formation : participer à la transmission des connaissances non seulement aux personnes aidées, mais aussi aux futurs pairs aidants et paires aidantes.

Devenir une paire aidante ou un pair aidant implique d’assumer certaines responsabilités afin d’intervenir de façon adéquate. Voici quelques points importants dont cette personne doit tenir compte :

• Contribuer à briser l’isolement et la stigmatisation et favoriser l’utilisation des ressources.
• Tenir des rencontres selon un horaire défini, dans un lieu physique.
• Avoir accès à un téléphone et à un local insonorisé et en retrait qui permet de garantir la confidentialité.
• Être en mesure de reconnaître le moment où il est préférable d’orienter la personne aidée vers d’autres ressources.
• Participer activement aux formations et aux supervisions.
• S’impliquer dans le programme de soutien par les pairs et y investir du temps.
• Respecter les limites de son rôle.
• Avoir une entière autonomie par rapport à la direction de l’établissement.
• Diversifier les canaux de communication.

Il faut prendre en considération plusieurs éléments lors de l’implantation d’un programme de soutien par les pairs dans un établissement afin d’assurer la qualité des services offerts et la viabilité du programme :

• Établir un lien avec un organisme communautaire à proximité du campus pour obtenir de l’aide et des conseils et s’assurer du respect des normes en matière de soutien par les pairs.
• Assurer une bonne intégration du programme dans l’ensemble des services de santé du campus pour permettre une supervision plus adéquate.
• Garantir une supervision étroite des paires aidantes et pairs aidants et proposer des rencontres interdisciplinaires au besoin.
• Offrir une formation et/ou un guide d’accompagnement afin de soutenir les personnes aidantes dans leur rôle.

Par ailleurs, considérant l’utilisation accrue et l’efficacité des programmes de soutien par les pairs, il est recommandé de rémunérer les personnes aidantes. Même lorsqu’ils prévoient une certaine rémunération, ces programmes demeurent une ressource moins coûteuse que d’autres pour l’établissement. La rémunération peut prendre différentes formes (ex. : travail occasionnel, programme d’alternance travail-études, honoraires ou bourses).

L’implantation de programmes de soutien par les pairs dans les établissements d’enseignement supérieur permet notamment d’alléger la pression exercée sur les services de santé qu’ils offrent et de réduire la stigmatisation entourant les problèmes de santé mentale.

Les personnes aidées bénéficient d’un soutien plus informel que celui reçu lors de la consultation de professionnels. Sur le plan social, ce soutien permet de diminuer leur solitude et leur détresse et de développer leur estime de soi. Il leur permet également d’améliorer leur quotidien, d’adopter des stratégies d’adaptation et d’augmenter leurs chances de poursuivre leurs études.

De leur côté, les personnes aidantes profitent d’une expérience dans le soutien d’étudiantes et d’étudiants qui vivent des épreuves similaires et qui ont des parcours semblables. Elles acquièrent ainsi des compétences qu’elles pourront mettre à profit dans leur carrière.

Position de la personne aidante

Les paires aidantes et pairs aidants doivent être bien outillés, notamment quant à leur position dans la relation. Ils doivent donc être formés adéquatement avant d’être jumelés à une autre personne et être soutenus tout au long de leur expérience. Le Centre d’innovation en santé mentale sur les campus (CISMC) suggère qu’ils suivent une formation initiale d’au moins 24 heures. Des formations complémentaires peuvent ensuite être offertes au fil du temps.

Structure et encadrement

Un encadrement des personnes aidantes est nécessaire pour que leur intervention ait un réel impact. Avant d’implanter un programme de soutien par les pairs, les établissements d’enseignement devraient vérifier la disponibilité de leurs ressources et la viabilité de ce programme. Ils pourraient par exemple faire appel à leurs autres services de santé pour assurer la supervision des paires aidantes et pairs aidants.

Rôle de la personne aidante

Pour favoriser la collaboration avec les autres intervenants et réduire le risque de stigmatisation des personnes aidantes, les établissements doivent bien définir le rôle de ces personnes. Ainsi, en balisant leurs pratiques et les bénéfices qui en découlent, ils s’assurent de préserver la spécificité de leur intervention.

Tutorat

Le tutorat vise à apporter aux étudiantes et étudiants une aide pédagogique personnalisée en dehors du contexte de la classe. Ce service est offert par une personne plus avancée à une autre qui éprouve des difficultés dans un cours ou une matière. Les tutrices et tuteurs doivent aussi aider la personne aux études à mettre en œuvre des stratégies et des démarches d’apprentissage.

Mentorat

Les programmes de mentorat ont pour but de faciliter l’intégration d’une nouvelle personne au sein de l’établissement, peu importe le programme dans lequel elle étudie. Ainsi, l’étudiante ou l’étudiant est jumelé à une autre personne qui a déjà commencé son parcours dans le même programme. Cette personne peut répondre à ses questions, l’orienter vers les bonnes ressources et faciliter sa participation à la vie étudiante de l’établissement.