Bœufs se nourrissant à une mangeoire extérieure
© Éric Labonté, MAPAQ.

D’après vous, est-ce que les bovins d’élevage mangent des patates? Étonnamment, les pommes de terre peuvent bien faire partie de leur alimentation!

Les animaux de la ferme sont en mesure de consommer différents résidus provenant de la préparation d’aliments destinés aux humains. On parle alors de « valorisation » de coproduits ou de sous-produits alimentaires : ce qui aurait pu devenir des déchets devient plutôt une source de nutriments pour les animaux.

Production animale responsable

Pouvez-vous imaginer la quantité de déchets que génère la transformation de vos aliments? Pensons aux résidus de la fabrication de la bière et des huiles ou à ceux du traitement des céréales. On peut aussi penser aux produits qui ne se rendent pas jusqu’à vous, comme des légumes difformes ou des invendus. C’est ce qu’on appelle des « sous-produits ».

Sachez qu’une partie d’entre eux réussit à trouver preneur! Ils constituent de bons apports en énergie, en protéines et en minéraux pour les animaux d’élevage. Ce recyclage permet de redonner de la valeur à des tonnes d’aliments. On contribue ainsi à réduire le gaspillage alimentaire et les coûts d’alimentation pour les agriculteurs. Chaque année, au Québec, on détourne de cette façon des tonnes d’aliments qui, sans cela, seraient parties vers le dépotoir.

Exemples : oléagineux et céréales

Le tourteau, vous connaissez? Il s’agit du résidu solide qu’on obtient lors du traitement des graines et des fruits oléagineux pour en extraire de l’huile, comme le soya, le canola et le tournesol. Les tourteaux sont intéressants pour l’animal parce qu’ils sont riches en protéines. Par exemple, le tourteau de canola contient 44 % de protéines, alors que le soya en a 40 %. Les tourteaux de tournesol (34 %) et de lin (32 %) sont aussi de bonnes sources de protéines.

On peut aussi incorporer des sous-produits de la transformation des céréales dans la ration animale. La fabrication de la farine de blé, par exemple, engendre des particules de son et de farine nommées « gru de blé ». Tout comme nous, les animaux de la ferme ont besoin de fibres et le gru en contient beaucoup!

La bière est très à la mode ces dernières années au Québec. Sa fabrication génère des résidus, les drèches : il s’agit des éléments solides qui restent lors du brassage, après la fermentation de l’orge, du blé ou d’autres céréales. Les drèches sont très nutritives et peuvent profiter tant aux bovins qu’aux ovins, aux porcs et aux volailles.

Et les légumes moches?

Oui, les animaux d’élevage peuvent manger des légumes moches! On peut leur offrir des légumes déclassés ou en surplus, comme des pommes de terre abîmées ou jugées non conformes lors du classement, mais tout à fait sains pour les animaux. La nourriture des bêtes pourra aussi contenir des carottes, des restes de maïs sucré, des navets et des pommes ou encore des sous-produits de conserveries.

Sous-produits bien pensés

Il ne faudrait pas croire qu’on ajoute n’importe quoi dans l’alimentation des animaux d’élevage. Tout comme les produits de base sont régis par des normes strictes de fabrication, leurs sous-produits le sont tout autant! Utilisés comme source d’énergie, ils rendent les rations appétissantes et digestes pour les bêtes. Par exemple, on utilise parfois des sous-produits de boulangerie déshydratés, constitués de pain, craquelins et pâtes dans l’alimentation des animaux.

Par ailleurs, l’ajout de sous-produits dans l’alimentation animale ne se fait pas à la légère. Tout est contrôlé par un professionnel dont c’est la spécialité. C’est un agronome qui établit la ration totale des animaux pour qu’elle réponde à leurs besoins. Les sous-produits représentent seulement une partie de la ration. Ils peuvent être accompagnés de fourrage, de grains, de vitamines et de minéraux pour que chaque espèce animale reçoive une alimentation complète.

Lutte au gaspillage

L’utilisation des sous-produits est donc utile, autant pour les agriculteurs que pour la société québécoise. Les éleveurs du Québec et leurs bêtes valorisent une grande quantité de résidus alimentaires qui seraient, sinon, perdus. Ils sont des champions de la lutte au gaspillage et participent au développement d’une société plus responsable.

Les agronomes du Comité des pratiques responsables en productions animales

Apprenez-en plus sur d’autres pratiques responsables utilisées par les éleveurs québécois en consultant la page Pratiques responsables en productions animales et en lisant les nouvelles liées proposées plus bas.

Dernière mise à jour : 3 mars 2022