Moule zébrée

Illustration d’une moule zébrée.
Une moule zébrée. © Illustration de Louis L’Hérault

Nom français
Moule zébrée

Nom anglais
Zebra mussel

Nom scientifique
Dreissena polymorpha

Grand groupe
Invertébrés

Sous-groupe
Mollusques et crustacés

Description

La moule zébrée est un petit bivalve d’eau douce envahissant qui est normalement distribuée jusqu’à 12 m de profondeur. Elle s’attache au substrat dur (roches, quais, plantes aquatiques, coquilles des autres mollusques indigènes, etc.) grâce à des filaments situés sur sa face ventrale.

Identification

Taille

Sa taille adulte varie entre 1 et 4 cm de longueur.

Coloration

La moule zébrée possède une coquille de couleur brun foncé, parfois unie. Cette dernière est plus souvent marquée d’une ou plusieurs rayures blanches ou beiges en zigzag, radiaires ou arquées.

Il existe une grande variabilité dans la couleur et la forme des rayures et de la coquille des moules zébrées. D’ailleurs, son nom d’espèce en latin, polymorpha, signifie « qui a plusieurs formes ».

Traits caractéristiques

La face ventrale de la moule zébrée est plane, ce qui lui donne une forme triangulaire ou en « D ». Les valves sont de grandeurs à peu près identiques. Elle possède un groupe de filaments, appelé « byssus », sur la face ventrale.

Distinction

Le byssus de la moule zébrée lui permet de se fixer sur une diversité de surfaces solides. Cette caractéristique la distingue des moules d’eau douce indigènes du Québec qui en sont dépourvues.

La moule zébrée est très similaire à la moule quagga, une autre espèce exotique envahissante de la même famille et qui est originaire des mêmes régions. Toutefois, la face ventrale de la moule zébrée est plane, tandis que les deux faces de la moule quagga sont arrondies.

Espèce similaire

Moule quagga

Répartition

La moule zébrée est une espèce originaire du bassin de la région PontoCaspienne, qui s’étend de la mer Caspienne à la mer Noire. Elle est maintenant présente dans toute l’Europe, incluant le nord-est de la Russie, la presque totalité des pays d’Europe de l’Est et de l’Ouest, de même que la Scandinavie et la GrandeBretagne.

En Amérique du Nord, l’espèce est aujourd’hui présente dans la majorité des États de l’est des États-Unis. Elle est aussi présente en Californie et au Colorado depuis 2008, au Texas depuis 2009 et au Dakota du Nord depuis 2010. Au Canada, la moule zébrée est présente dans les Grands Lacs et le fleuve SaintLaurent ainsi que dans certains plans d’eau du Manitoba, de l’Ontario et du Québec.

Au Québec, l’espèce est présente dans le fleuve SaintLaurent jusqu’en aval de l’île d’Orléans, où la salinité de l’eau devient trop élevée pour sa survie. Elle se trouve dans la rivière Richelieu, le lac Champlain, le lac des Deux Montagnes et la rivière des Outaouais (côté ontarien). Plus récemment, sa présence a été observée dans les lacs Magog, Memphrémagog (2017) et Massawippi (2021) en Estrie, ainsi que dans le lac Témiscouata (2022), dans la région du BasSaintLaurent.

Présence au Québec

La moule zébrée provient de la région PontoCaspienne. La construction de canaux, autour de 1700 en Europe de l’Est et de 1800 dans le reste de l’Europe, a permis une dispersion rapide de l’espèce. La présence de la moule zébrée en Amérique du Nord date de 1986 où elle a été introduite par l’eau des ballasts des navires transocéaniques en provenance d’Europe. La première mention officielle a été faite en 1988 dans le lac Sainte-Claire en Ontario. Son expansion a été rapide, ce qui lui a permis de coloniser la plupart des voies navigables interconnectées de l’est des États-Unis.

Origine

Exotique

Statut de résidence des populations

Cette espèce vit au Québec toute l’année.

État de la situation

La moule zébrée est connue pour être présente au Québec depuis presque 30 ans. Son expansion vers l’est du Québec est préoccupante, car la majorité des lacs les plus à risque pour l’invasion des moules zébrées sont situés sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, soit de l’Estrie jusqu’en Gaspésie. Plusieurs plans d’eau de ces régions ont les conditions propices à la survie et à l’établissement de l’espèce. Ils possèdent de grandes concentrations de calcium, qui est une composante essentielle pour sa survie et sa reproduction.

Suivi

Plusieurs protocoles sont utilisés pour assurer la détection et le suivi des espèces aquatiques envahissantes dans les cours d’eau du Québec. Ces protocoles incluent la collecte d’ADN environnemental ou des pêches particulières selon le type d’espèce ciblée. La vigilance des citoyens et des pêcheurs commerciaux est également importante pour le suivi de cette espèce.

Signalement

La moule zébrée est une espèce envahissante et sa présence dans un plan d’eau doit nous être signalée. Consultez la procédure pour savoir comment nous signaler la présence d’une espèce exotique envahissante animale.

Habitat

La moule zébrée vit en eaux douces à des salinités inférieures à 0,62 %, à un pH supérieur à 7,2 et à une température minimale de 0 °C. Elle peut envahir une diversité de plans d’eau et d’habitats. Elle préfère généralement les profondeurs de 2 à 12 m, les secteurs où le substrat est rocheux ou dense en macrophytes, ainsi que les cours d’eau à faible débit. Les principaux facteurs qui limitent son établissement sont la concentration en calcium dissout et le pH.

En comparaison à la moule quagga, qui se trouve souvent en eau plus profonde, la moule zébrée tolère davantage la turbulence dans les cours d’eau. Elle colonise surtout les zones peu profondes des lacs.

Les adultes peuvent se fixer à toutes sortes de substrats solides : coques de bateaux, moteurs, tuyaux, roches, quais, plantes aquatiques, moules indigènes, écrevisses et même sur d’autres moules zébrées. Quant aux larves, elles nagent librement dans la colonne d’eau.

Alimentation

La moule zébrée s’alimente par filtration et elle est très efficace pour filtrer la matière en suspension dans la colonne d’eau. Elle se nourrit de phytoplancton, de zooplancton, de matière organique dissoute et de bactéries.

Reproduction

La moule zébrée atteint la maturité sexuelle en quelques mois. Les individus ne peuvent produire qu’un seul type de cellules reproductrices (gamètes) mâles ou femelles et la fertilisation est externe.

Les femelles adultes sont très fécondes, ce qui explique l’efficacité avec laquelle la moule zébrée se propage. Elles peuvent pondre de 30 000 à 1 000 000 d’œufs par année. Lors de l’éclosion, les larves, appelées véligères, se trouvent en suspension dans l’eau pendant 15 à 30 jours selon la température et la productivité planctonique estivales. Elles peuvent être facilement transportées par les courants sur de longues distances. Des températures minimales de 12 °C sont nécessaires pour la reproduction.

Prévention et contrôle de son introduction

La prévention est cruciale. Une fois établie dans un plan d’eau, la moule zébrée est pratiquement indélogeable. Des interventions de contrôle périodique sont alors souvent nécessaires pour en minimiser les conséquences. Des actions doivent être prises, notamment pour limiter les dommages causés par l’encrassement des prises d’eau potable ou d’infrastructures tels les quais et les barrages.

Vous pouvez contribuer à prévenir l’introduction et la dispersion de cette espèce envahissante en pratiquant les activités de pêche et de loisir de façon responsable. En tout temps, vous devez adopter des méthodes de prévention lorsque vous changez de plan d’eau afin d’éviter leur propagation.

Bien que les larves peuvent se déplacer naturellement avec les courants d’eau, les humains sont en grande partie responsables de la propagation de la moule zébrée. Comme les larves sont invisibles à l’œil nu, elles peuvent facilement se trouver dans l’eau des viviers, dans l’eau qui reste dans la cale du bateau et dans les ballasts. Elles peuvent être transportées de façon involontaire par les adeptes de navigation et de pêche. C’est pourquoi il est important de bien drainer tous les compartiments des embarcations.

Les moules adultes peuvent aussi se propager d’un plan d’eau à l’autre en se fixant sur les embarcations, les remorques à bateaux ou sur tout autre véhicule ou objet immergé. Elles peuvent s’accrocher aux plantes aquatiques. Les débris et fragments de plantes entremêlées doivent être complètement enlevés d’une embarcation. Cette opération doit être effectuée lors de la sortie de l’eau, avant l’entrée de l’embarcation dans un nouveau plan d’eau.

Les mesures de gestion des moules entraînent souvent des répercussions importantes sur les autres espèces de l’écosystème. Il est donc important de bien évaluer l’état de la population et les éléments sensibles du milieu avant d’entreprendre des actions de contrôle. La gestion des moules doit se faire de façon appropriée. C’est pourquoi ces activités doivent être encadrées par le gouvernement. Communiquez avec votre bureau régional de la gestion de la faune pour en savoir davantage sur les permis nécessaires.

Conséquences de son introduction

La moule zébrée est une espèce exotique envahissante très prolifique qui a de nombreuses répercussions écologiques, économiques et sociales. En grande densité, son activité de filtration contribue à la diminution du phytoplancton, ce qui peut entrainer une cascade d’effets négatifs sur la chaîne alimentaire et l’alimentation des poissons. Elle peut aussi compromettre la survie des œufs de poissons dans les zones de fraie et causer la mort des moules indigènes.

Elle provoque l’encrassement des quais, des barrages, des infrastructures fixes et des prises d’eau. L’accumulation de coquilles coupantes sur les berges peut nuire à la qualité des plages en blessant les baigneurs.

COSTAN, G., et Y. DE LAFONTAINE (2000). Présence de la moule zébrée dans le Saint-Laurent: à suivre... Ministre des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada 2000. [En ligne] [https://belsp.uqtr.ca/id/eprint/610/13/Costan_2000_Moule%20z%C3%A9br%C3%A9e_A.pdf Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.]

JOKELA, A., et A. RICCIARDI (2008). « Predicting zebra mussel fouling on native mussels from physicochemical variables. » Freshwater Biology, 53(9), 1845-1856.

RICCIARDI, A., F. G. WHORISKEY et J. B. RASMUSSEN (1997). « The role of the zebra mussel (Dreissena polymorpha) in structuring macroinvertebrate communities on hard substrata. » Canadian journal of fisheries and aquatic sciences, 54(11), 2596-2608.

THERRIAULT, T. W., A. M. WEISE, S. N. HIGGINS, Y. GUO et J. DUHAIME (2013). Risk assessment for three dreissenid mussels (Dreissena polymorpha, Dreissena rostriformis bugensis, and Mytilopsis leucophaeata) in Canadian freshwater ecosystems. Canadian Science Advisory Secretariat.

Dernière mise à jour : 23 avril 2024

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