Mardi, 30 novembre 2021

Opération main-d’œuvre

M. Legault : Bonjour tout le monde. Bien, je veux saluer mes deux collègues, Jean Boulet et Danielle McCann. Content d’être ici à l’édifice Marie Guyart. Mieux connu sous le nom de Marie de l’Incarnation qui me rappelle de bons souvenirs puisque j’ai été trois années ici comme ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Donc, très content d’être ici pour vous parler de formation de main-d’œuvre dans le fond.

On a beaucoup parlé Jean et Danielle ont déjà commencé à faire des annonces, mais là, on doit donner vraiment un grand coup, et il faut combler deux sortes d’emplois. Des emplois que j’appellerais « essentiels », puis des emplois que j’appellerais « stratégique ». Et ce n’est pas un problème qui est unique au Québec. Ça, c’est important de le dire. Partout en Occident, on voit qu’il y a un changement complet du marché du travail. On était pendant beaucoup, beaucoup d’années dans une situation où il manquait d’emplois. Puis, on est maintenant dans une situation où il manque d’employés. Puis, j’insiste pour le dire, oui, ça pose de gros défis, mais il y a une bonne nouvelle là-dedans pour les 4 millions et demi de travailleurs. Déjà on l’a vu dans les dernières années, il y a une augmentation rapide des salaires au Québec, et on peut penser que ça va continuer. Bien sûr ça pose des défis aux employeurs. Et le gouvernement du Québec est un employeur. Pensons entre autres aux enseignants, aux éducatrices, aux infirmières ; ça devient comme incontournable d’augmenter les salaires, de donner plus de primes à ces employés-là pour les garder, pour en attirer de nouvelles personnes.

Évidemment que ça pose aussi des défis aux entreprises privées. Et on va les aider. On a commencé à les aider : meilleure formation du personnel, aide à l’automatisation des entreprises pour être capable d’en faire plus avec moins d’employés. Mais les employeurs doivent comprendre qu’ils doivent faire le bout de chemin. Ça veut dire ; augmenter les salaires, améliorer les conditions de travail pour garder leurs employés, puis attirer de nouveaux employés. Puis, je le répète, puis ce n’est pas juste moi qui le dit, un économiste que j’apprécie beaucoup, Pierre Fortin a écrit beaucoup d’articles là-dessus, c’est partout en Occidant qu’il va falloir s’ajuster à cette nouvelle donne économique où dans les pays de l’Occident il va continué de manquer de’employés.

Donc, ce qu’on annonce aujourd’hui, l’Opération « main-d’œuvre ». C’est pour combler 170 000 postes qui sont soient essentiel, soient stratégiques. On investit sur 5 ans 3,9 milliards de dollars. C’est beaucoup, beaucoup d’argent parce que c’est une des grandes priorités qu’on a comme société au cours des prochaines années.

On a fait le choix dans un premier temps, mais il pourra s’ajouter d’autres secteurs, mais de choisir 6 secteurs dans lesquels on arrive avec des mesures. Bon, il y a la santé, l’éducation, les services de garde, les technologies de l’information, le génie et la construction.

Une mesure importante qu’on annonce aujourd’hui c’est une nouvelle allocation pour les gens qui n’ont pas d’emploi actuellement qui accepte d’aller étudier, d’aller se former, on va leur donner 475 dollars par semaine. Donc, l’équivalent du salaire minimum. Pas pour travailler, pour aller étudier, mais dans les secteurs où il y a pénurie d’emploi.

Autre grande mesure que vous avez vue dans la mise à jour économique de jeudi dernier, on lance des bourses d’études très importantes dans 5 secteurs au collégial et à l’universitaire. Donc, en santé, ça va s’adresser aux infirmières, préposés aux bénéficiaires, intervenants en protection de la jeunesse, en santé mentale. Ça va s’appliquer à ceux qui étudient pour devenir enseignants, éducateurs en garderie, et pour les étudiants et étudiantes en génie puis en technologie de l’information. Ces bourses-là vont être en place dès la prochaine rentrée scolaire. Donc, à l’automne 2022. On parle de bourses importantes. Au collégial, on parle de 1 500 $ par session, ça, ça veut dire 3 000 $ par année. La plupart des DEC c’est trois ans, donc 9 000 $ d’aide pour ceux qui étudient par exemple en service de garde. À l’université, on parle de 2 500 $ par session réussie, donc 5 000 $ par année. Puis là, il y a des BAC de trois ans, donc ça veut dire 15 000 $. Puis, il y a des BAC de 4 ans, ça, ça veut dire 20 000 $. Et ça s’ajoute à tout le programme de prêts et bourses qu’on a déjà au Québec qui est déjà le plus généreux au Canada. Donc, c’est… ce sont des incitatifs importants. Doncv, je demande à tous ceux qui ont la chance de le faire, de passer le mot entre autres aux jeunes qui sont en train de choisir leur domaine d’études. Évidemment dans ces secteurs-là vous n’avez pas de misère à vous trouver un emploi, un emploi de qualité.

Évidemment, il faut aller selon ses passions, mais si vous hésitez, bien, c’est important de regarder ces secteurs-là. 

Il y a d’autres mesures aussi puis peut-être que Jean puis Danielle pourront en parler davantage. Il y a toute la question de l’alternance travail-étude pour les éducatrices. Ce qu’on n’est pas capable de faire dans tous les secteurs, c’est qu’on est capable d’avoir dès demain matin des personnes qui acceptent de commencer à travailler dans un service de garde qui travaille grosso modo une semaine sur deux. Donc, une semaine ils travaillent au service de garde, l’autre semaine ils sont en formations. Donc, vous voyez avec deux personnes en alternance travail-études on est capable de combler un poste immédiatement. Donc, c’est très intéressant. Puis en même temps ça donne la chance d’avoir une application concrète.

Il y a des mesures aussi qu’on avait déjà annoncées puis qu’on ajoute pour convaincre les retraitées de revenir au travail sans pénalité. Donc, vous l’avez vu dans la mise à jour économique pour éviter que leurs montants qu’ils reçoivent pour la retraite bien ne soient amputés d’un montant parce qu’ils sont retournés au travail. Donc, on veut vraiment qu’il y ait un incitatif.

Évidemment, on va continuer, vous avez vu au cours des derniers jours les chiffres très positifs sur l’augmentation de la productivité des entreprises québécoises. Investisement Québec va continuer de faire des efforts ; numérisation, robotisations ; formation de personne, produire plus avec moins d’employés. 

En terminant, je veux dire un mot sur l’immigration. Il y a des personnes qui disent : « ah, la solution à la pénurie de main d’œuvre c’est l’immigration ». Bon, je veux rappeler qu’au Québec on a 50 000 nouveaux immigrants par année. C’est plus que les États-Unis, toute proportion gardée. C’est plus que la France. C’est plus que la majeure partie des pays au monde. Donc, déjà on reçoit beaucoup d’immigrants. Puis, n’oublions pas qu’on a défi additionnel au Québec ; seule société francophone en Amérique du Nord, d’intégrer les nouveaux arrivants pour qu’ils apprennent le français. Donc, il ne faut jamais perdre ça de vue. On pense qu’à 50 000 par année, on a atteint la limite pour l’instant, la capacité d’intégration de notre société au Québec. L’autre chose qui est importante aussi, on avait des « backlog » pour parler en anglais qu’on a hérité de l’ancien gouvernement de candidats immigrants qui avaient déjà été acceptés, et qui sont actuellement entre les mains du gouvernement fédéral. Dès qu’on va avoir réussi à faire rentrer ces immigrants-là, à l’avenir on va utiliser le système Arrima, où on va se concentrer, entre autres, à combler les postes dans des services qui sont essentiels ou dans des postes qui sont stratégiques comme le génie et les technologies de l’information.

Donc, je termine en vous disant, le monde du travail a changé. Il y a de nouveaux secteurs qui émergent. Il y a d’ anciens secteurs qui vont disparaître ou subir une baisse importante. Le gouvernement du Québec, votre gouvernement, va accompagner tout le monde. On ne va pas laisser personne derrière. On veut que tous les Québécois ont la chance de se trouver un emploi de qualité. Je pense qu’on est capables ensemble de bâtir un Québec qui gagne. Sur ça, je passe la parole à Jean Boulet, ministre entre autres, de l’Emploi.

M. Boulet : Merci, monsieur le premier ministre, Daniel McCann, représentants des médias. Écoutez au-delà du contexte démographique qui réfère au vieillissement de la population, vous savez tous, notre collègue aux Finances en a fait état la semaine dernière ; il y a une croissance économique phénoménale au Québec. Et donc cette croissance-là conjuguée aux départs à la retraite découlant du vieillissement de la population, ça accentue le phénomène de pénurie de main d’œuvre. Et c’est en 2030 que la population des 15 à 64 ans sera la plus bas au Québec. Donc, il faut avoir un plan qui est global, des actions qui sont structurantes pour assurer un, la continuité des services ; il faut s’occuper de nos malades, il faut prendre soin de nos enfants aussi ; et assurer aussi le développement de l’économie du Québec. Et vous le savez, dès notre arrivée au pouvoir, on a mis en place, on a annoncé d’ailleurs, en septembre 2019, un plan d’action pour la main d’œuvre où on mettait beaucoup l’accent sur la formation, la requalification, l’intégration, l’augmentation de la productivité et en référant aussi à l’immigration, qui est une des options que nous avons à notre disposition pour lutter contre la pénurie de main d’œuvre. En matière de requalification, le premier ministre en parlait, on a contribué déjà à ce jour à la requalification de près de 22 000 personnes. On a un programme aussi de requalification spécifiquement dans les technologies de l’information qui est extrêmement populaire, et qui va nous donner des résultats aussi intéressants pour les entreprises de tous les secteurs d’activité. Parce que les technologies de l’information, c’est véritablement transversal et ça aide au delà de la croissance économique à accroître la productivité des entreprises.

Mais le premier ministre nous a demandé aussi de travailler en équipe, de briser les silos. C’est la raison pour laquelle il a formé un groupe interministériel pour lutter contre la rareté de main d’œuvre. Et pour la première fois, tout le monde a travaillé de manière collaborative et la grande opération en main d’œuvre découle de ce travail-là de tous les bureaux de sous ministres et de tous les ministres. Il y a six domaines d’activités. C’est 3,9 milliards de dollars don’t 2,9 milliards de dollars en crédits additionnels. Il y a trois services publics. Il y a trois domaines économiques stratégiques. Vous le savez, les services publics, c’est la santé, l’éducation, les services de garde à l’enfance. Les domaines économiques stratégiques, c’est les technologies de l’information, la construction et tout ce qui s’articule autour du génie. Notre opération vise à permettre à 170 000 travailleurs additionnels pour répondre aux qualifications demandées par ces secteurs-là que nous avons priorisés.

Et il y a beaucoup de mesures. Évidemment, on ne pourra pas faire l’inventaire de toutes les mesures. Il y a près de 80 mesures dans tous ces secteurs-là, et on parle notamment en immigration, de mieux sélectionner les travailleurs qualifiés. On a fait une entente avec Ottawa, ce qui s’appelle un Programme de mobilité internationale où on va pouvoir faire venir des personnes de l’extérieur qui ont déjà un certificat de sélection du Québec, et qui répondent déjà à des besoins de notre économie à venir plus rapidement au Québec. C’est une nouvelle voie accélérée. Le bassin des travailleurs étrangers temporaires, vous le savez, et ça, c’est dans tous les secteurs : le manufacturier, le commerce de détail, l’hôtellerie, l’hébergement, la transformation alimentaire, on a des programmes, le premier ministre le mentionnait en alternance travail-études. On croit beaucoup à cette formule-là qui est utilisée dans des pays européens qui connaissent aussi le vieillissement de la population. Et on le fait dans des secteurs où il y a des déficits de main d’œuvre importants. C’est aussi une offensive de transformation numérique qu’on a amorcée en collaboration avec le ministère de l’Économie et de l’Innovation. On a un programme Audit 4.0 pour permettre aux entreprises d’acquérir des technologies numériques, et de faire des plans de formation pour permettre à leur main-d’œuvre de s’adapter.

Je veux parler aussi d’intégration. Il y a un bassin de potentiel humain québécois qui est important. Puis, quand je réfère à ça, c’est important de le rappeler pour toutes les entreprises : les jeunes qui ne sont pas en emploi, ni aux études ni en formation ; les personnes en situation de handicap ; les personnes issues des Premières Nations, les personnes judiciarisées ; les personnes expérimentées. Et dans certains secteurs, les femmes aussi. Donc c’est globalement près de 80 mesures des programmes, des incitatifs. Encore une fois dans des services publics essentiels pour continuer d’offrir aux Québécois et aux Québécoises des services en quantité suffisante et de qualité, et dans des secteurs économiques qui sont véritablement stratégiques. C’est là que nous devons mettre l’emphase pour rassurer que Québec devienne une société qui est forte et prospère, qui est inclusive et pour nous permettre à terme, dans un certain nombre d’années, de rétrécir l’écart de richesse que ça s’exprime par le PIB par habitant ou par le salaire horaire moyen qui nous sépare de l’Ontario.

Donc… et sans oublier la mesure que je considère assez exceptionnelle, on ne laisse personne de côté. Les personnes qui n’ont pas d’emploi, qui ne sont plus éligibles non plus à des prestations publiques vont pouvoir bénéficier d’un montant de 475 dollars. C’est une mesure active pour leur permettre de se former ou de se requalifier. C’est le temps, tout le monde ensemble, parce que la pénurie de main d’œuvre, c’est un défi de société. Ça ne repose pas que sur les épaules de l’État. Tous doivent s’impliquer pour relever ce défi-là. Et si tout le monde se retrousse les manches, on va avoir des succès qui sont en plus intéressants. Merci beaucoup à tous.

M. Legault : Là je passe la parole à la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann.

Mme McCann : Merci monsieur le premier ministre. Bonjour, Jean aussi. Alors, je suis très heureuse d’être ici avec vous. Je suis très fier d’ailleurs de cette annonce importante qu’on fait ensemble aujourd’hui. Et d’entrée de jeu, je veux remercier tous mes collègues comme le disaient Jean et le premier ministre, les collègues des différents ministères impliqués qui ont fait vraiment un travail remarquable de concertation et de collaboration.

L’enseignement supérieur, c’est quand même au centre de nos efforts pour amener davantage de travailleurs qualifiés dans les services publics et dans les secteurs économiques stratégiques. Les réseaux collégiaux et universitaires forment la majorité de ces travailleurs. Mais il faut accélérer le rythme uniquement pour l’enseignement supérieur. On parle d’investissements supplémentaires de 1,9 milliard de dollars d’ici 2025-2026, dont près de 1,7 milliard de dollars en bourses. Donc, vous l’aurez compris, notre mesure phare en enseignement supérieur, c’est le programme de bourses incitatives. Les bourses qui vont s’appeler les « Bourses Perspectives Québec ».

Alors, je veux vous parler brièvement du choix du nom de ces bourses. Les perspectives, ce sont des possibilités d’avenir. Nous voulions illustrer que ces bourses sont en cohérence avec la vision que nous avons pour l’avenir du Québec, mais aussi comment ces secteurs sont intéressants pour les futurs travailleurs. Nos étudiantes et étudiants vont jouer un rôle central dans le développement économique du Québec pour sa prospérité, aussi pour contribuer à la pérennité de services publics performants.

Donc, avec ces bourses, on souhaite que les études dans ces domaines soient plus attractives. Nous souhaitons également plus de rétention et évidemment de diplomation des étudiants dans les temps. Nous visons dans le réseau collégial et universitaire les technologies de l’information, le génie, la santé, l’éducation et l’éducation à l’enfance. Concrètement, on va former davantage d’analystes, de programmeurs, d’ingénieurs, de technologues en génie, d’infirmières cliniciennes et auxiliaires, d’inhalothérapeutes, de psychologues, de travailleurs sociaux, d’enseignants aux niveaux préscolaire, primaire et secondaire et aussi des techniciens en éducation spécialisée, des éducatrices en service de garde à l’enfance et j’en passe. Au total, on parle de 34 professions qui sont visées. À terme, il y aura donc davantage de travailleurs disponibles dans ces secteurs névralgiques. Concrètement, d’ici 25-26, le ministère cible la diplomation de 36 000 étudiants de plus dans l’ensemble des programmes visés.

Ces bourses incitatives s’ajoutent au programme des prêts et bourses actuels. Les bourses seront octroyées après chaque session à temps plein réussi dans les programmes de formation visés. Comme le disait le premier ministre, 1 500 $ au collégial pour un total de 9 000 $ pour un programme de 3 ans, 2 500 $ à l’universitaire pour un total de 15 000 $ pour un programme de 3 ans et 20 000 $ dollars pour un programme de 4 ans. Maintenant, on va parler de l’admissibilité à ces bourses. C’est assez simple. Ces bourses sont pour tous les Québécois… tous les étudiants québécois inscrits à temps plein dans un des programmes de formation ciblés menant à l’obtention d’un diplôme dans les domaines prioritaires identifiés. Alors, tous ces étudiants seront admissibles sur confirmation de la réussite de leur session, peu importe où ils en sont dans leur cheminement, et ce, dès la session d’automne 2022.

Ce faisant, on vient accélérer leur entrée sur le marché du travail, répondant ainsi à la forte demande de main d’œuvre qualifiée dans ces secteurs. Évidemment, ces bourses incitatives pour les étudiantes et étudiants font partie d’un tout, d’un plan qui a été élaboré avec le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale et le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration. Alors, c’est en agissant sur plusieurs fronts qu’on va faire face aux défis reliés à la rareté de main d’œuvre.

Et je termine en répétant que l’enseignement supérieur, c’est une priorité de notre gouvernement. Non seulement il contribue de façon significative au développement économique du Québec, mais il est au cœur de la qualité des services publics offerts. Former tous ces nouveaux diplômés va nous permettre de répondre à la pénurie et d’assurer la présence d’une main d’œuvre qualifiée sur le marché actuel, mais aussi de voir à beaucoup plus long terme, à un Québec prospère et à des services publics à la hauteur des besoins de la population. Nous croyons que l’ambitieux programme de bourses que nous mettons en place est un incitatif puissant. Merci.

La Modératrice : Merci, madame McCann, on va maintenant débuter la période de questions des journalistes. Le temps file, on va y aller rondement, questions courtes et réponses concises. Alain Laforêt, TVA Nouvelles.

M. Lafôret (Alain) : Bonjour à vous trois. Monsieur le premier ministre, une nouvelle salle, elle est belle, elle a coûté combien en passant cette salle-là ? Le savez-vous ? Pourquoi on est ici plutôt que ne pas être à l’Assemblée nationale qui est beaucoup plus près pour vous que la période des questions ?

M. Legault : Ça, c’est une question pour Nadia.

M. Lafôret (Alain) : On aura la réponse après. Merci. Ça fait plusieurs jours que vous en parlez, Shawinigan vous en avait parlé hier à Charlevoix. Qu’est-ce que vous dites aux petites PME et aux propriétaires de restaurants qui n’auront pas le moyen de payer des salaires faramineux ? Vous leur dites mettez la clé sous la porte ?

M. Legault : Bon, d’abord, je le répète, c’est une bonne nouvelle de voir les salaires augmenter. Oui, pourquoi les salaires augmentent ; à cause du vieillissement de la population qui fait qu’on se retrouve dans une situation où tout le monde a accès à un emploi. Évidemment, ça amène des défis pour les petites et moyennes entreprises. Elles vont devoir augmenter leurs salaires. Ça veut dire, dans certains cas, augmenter les prix aussi de leur produit. Et étant donné que les Québécois ont de meilleurs salaires, ça va faire rouler davantage l’économie. Donc, il y a quelque chose de bon là-dedans. Mais là où ça va être plus difficile, c’est parlons en général du commerce de détail, qui est appelé en plus à être remplacé beaucoup par les Amazon de ce monde. Bien, il va y avoir un défi spécial améliorer la productivité, s’assurer dans certains cas qu’on est capable d’offrir un service d’encore plus de qualité pour être capable d’attirer des employés. Donc, des meilleures conditions de travail, mais ce n’est pas vrai que partout en Occident, on va être capable de garder tous les emplois qu’on a actuellement. Il y a des secteurs qui vont se développer, entre autres les technologies de l’information, tout ce qui est relié aux services aux personnes aussi, ça va se développer. Mais il y a d’autres secteurs où l’emploi va diminuer, et donc il y a un ajustement important qui va être fait.

M. Lafôret (Alain) : Dans un autre ordre d’idée. Hier dans Charlevoix vous avez fixé la barre 20 ou 25 personnes par résidence. Là, vous vous faites critiquer, vous savez ce qui s’en vient. Si vous ne livrez pas la marchandise, vous allez vous retrouver comme l’an passé. Est-ce que vous avez peur d’avoir donné de faux espoirs aux Québécois ?

M. Legault : Ce que j’ai dit hier, c’est que j’aimerais être capable que nos familles, puis, on le sait, nos familles, quand on inclut les sœurs, les frères, les enfants, les neveux, ça excède 10. Donc, j’aimerais être capable pendant le temps des Fêtes, d’augmenter ça à 20 ou 25. Mais j’ai bien précisé hier, puis je le reprécise aujourd’hui, on va écouter les recommandations de la Santé publique. Le docteur Arruda nous a dit qu’il va arriver avec une recommandation la semaine prochaine, puis on voit de l’écouter. Mais effectivement, mon objectif, ça serait de permettre aux Québécois d’aller jusqu’à 20-25 dans les maisons.

La Modératrice : Merci. Prochaine question Louis Lacroix, Cogeco.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, monsieur le Premier ministre, madame McCann, monsieur Boulet. Monsieur Legault, j’aimerais qu’on revienne sur les événements qui se sont déroulés en fin de semaine à Québec. Les oppositions demandent à ce qu’il y ait une enquête du BEI, pas juste du Commissaire à la déontologie policière, mais du BEI, du Bureau des enquêtes indépendantes pour faire la lumière sur ces événements-là de façon un peu déconnectée. D’abord, ma question est en deux volets, est-ce que vous demandez une enquête du BEI ? Est-ce que vous allez demander cette enquête indépendante ? Et est-ce qu’on devrait suspendre le temps qu’on fasse la lumière sur les événements les policiers qui sont impliqués là-dedans ?

M. Legault : D’abord, je fais confiance au SPVQ. Je pense que c’est important. Ils comprennent très bien que le lien de confiance entre les citoyens et les policiers est fragile. Donc, je leur fais confiance. Maintenant, ils vont faire une enquête rapide à l’interne. Il y a aussi le Commissaire à déontologie, ma collègue Geneviève Guilbault leur a demandé de faire une enquête. Et si c’est nécessaire, je suis prêt à aller plus loin. Mais ce que je veux dire, entre autres, aux gens de Québec, c’est que je vais aller… on va aller au fond des choses. Tant que je ne serai pas satisfait des réponses, puis que ça ne sera pas une situation très claire, je veux être capable de m’assurer si oui ou non, il y a un problème avec certains policiers.

M. Lacroix (Louis) : Ma deuxième question est pour M. Boulet. La semaine dernière, le tribunal administratif du travail a rendu une décision à l’effet que la compagnie Ash Groves de Joliette avait contrevenu à la Loi sur les briseurs de grève en embauchant des gens pour faire du télétravail. Est-ce que vous avez l’intention de modifier le Code du travail pour inclure les résidences privées, par exemple des gens qui travaillent en télétravail pour que ça fasse partie de l’environnement d’une entreprise ?

M. Boulet : Monsieur Lacroix, merci pour la question. Je n’ai pas lu encore la décision du tribunal administratif du travail. On m’en a informé ce matin. J’ai l’intention de la lire, mais effectivement, comme vous savez, les briseurs de grève ou les travailleurs de remplacement, il faut que ce soit des personnes qui soient dans l’établissement qui est en grève. Ici avec le développement des technologies de l’information et le foisonnement du télétravail, ça peut impliquer que des télétravailleurs deviennent des briseurs de grève. Et est-ce que j’ai l’intention d’amender le Code du travail pour viser les télétravailleurs ? Il faudra certainement voir l’impact. Je vais voir quelle est la motivation du tribunal administratif du travail, mais je vais sûrement donner un suivi parce que si on avait révisé le Code du travail, c’est certainement l’article 109.1 qui fait référence aux dispositions anti-briseurs de grève, des articles qui doivent faire l’objet d’une révision.

La Modératrice : Merci. Prochaine question, Jocelyne Richer, La Presse Canadienne.

M. Lacroix (Louis) : Je comprends que vous voulez l’étudier, mais vous ne savez pas encore qu’est-ce que vous allez faire ?

M. Boulet : Exact.

Mme Richer (Jocelyne) : Bonjour. Le problème, je vais revenir à l’annonce d’aujourd’hui, le problème de pénurie de main d’œuvre est connu, documenté depuis depuis très longtemps. Pourquoi avoir attendu la quatrième année de votre mandat pour faire une opération de cette envergure ? Avez-vous tardé à prendre toute la mesure de l’ampleur du phénomène ?

M. Legault : Non. Je pense que quand vous regardez depuis trois ans, il y a beaucoup de mesures qui ont été annoncées, entre autres par Jean Boulet concernant les retraites, concernant la requalification. Mais les choses avec la pandémie se sont accélérées. Prenons juste l’exemple des infirmières. On sait tous pourquoi la pénurie est plus grande aujourd’hui qu’avant la pénurie chez… avant la pandémie, pardon, chez les infirmières. Donc, les choses se sont accélérées. Il y a aussi une question stratégique. Prenons par exemple les technologies de l’information et le génie. Ça, n’a jamais été dans la culture au Québec de donner des incitatifs dans certains secteurs. Mais je pense qu’on est rendus là. J’étais agréablement surpris de ne pas voir une réaction négative de certaines de certaines personnes face à cette décision qui est courageuse, mais qui est nécessaire pour être capable d’avoir un avenir plus radieux.

Mme Richer (Jocelyne) : Mais les employeurs ont besoin d’employés maintenant. Est-ce que vous pouvez évaluer parmi les 170 000 travailleurs promis aujourd’hui, combien seront disponibles sur le marché du travail d’ici la fin de votre mandat ?

M. Legault : Écoutez d’abord les services qu’on appelle essentiels, ça veut dire les enseignants, les infirmières, les éducatrices, mon objectif, c’est que ça soit dans l’année qui vient, qu’on soit capable de répondre à tous les besoins. C’est ça qui est mon objectif. Puis on met des incitatifs très forts. Et donc, il y a aussi des mesures comme le retour des retraités. Il y a des mesures spécifiques qui sont mises de ce côté-là. Pour ce qui est des entreprises privées, ça va être sur un certain nombre d’années. Enfin, effectivement, il y a des entreprises comme CJI, Coveo, ces entreprises-là, même les entreprises qui sont dans les jeux vidéo qui disent, ils nous manquent de personnes en technologies de l’information, ce n’est pas essentiel, mais c’est stratégique pour créer de la richesse. Ça, on se donne quelques années pour y arriver.

La Modératrice : Merci prochaines questions, Alexandre Robillard, Le Devoir.

M. Robillard (Alexandre) : Allo, monsieur Legault. J’aimerais ça savoir le 1,4 milliard en bourses, sur quoi vous vous vous êtes appuyé pour conclure que cette somme-là va générer automatiquement 36 000 diplômés de plus ?

Mme McCan : Bien, écoutez, en fait, on sait que des bourses incitatives donnent vraiment une motivation additionnelle. Quand vous faites le calcul, puis certainement pour des étudiants qui ont moins de moyens et qui ont déjà le programme de prêts et bourses, c’est à peu près 7 000 par année dans le programme de prêts et bourses en moyenne pour ces étudiants-là, à peu près de 20 pour cent de la population étudiante que vous ajoutez s’ils sont dans ces secteurs-là, les bourses qu’on donne incitatives, bien, on pense que ça va les inciter justement à demeurer aux études, et à finir dans les temps.

M. Robillard (Alexandre) : Je comprends vous vous pensez que ça va les inciter, mais est-ce que vous vous appuyez sur des études ? Est-ce qu’il y a des analyses ? Est-ce que c’est… Je ne sais pas, monsieur Legault, si vous vous avez été convaincu, sur la base d’études ou d’analyses d’autoriser ces bourses-là ?

M. Legault : D’abord, il y a une question de gros bon sens. C’est certain que si on donne 3 000 $ par année ou 5 000 $ par année pour aller étudier dans certains secteurs, ça va attirer des gens. Ça va en attirer combien ? Est-ce qu’il va falloir augmenter ces montants-là ? Est-ce que les montants vont être trop élevés puis il va falloir les ajuster ? Je pense qu’à un moment donné, il faut être créatif. On est dans un monde qui est nouveau et une pénurie qui dans certains secteurs nouvelles, en tout cas en tant que l’ampleur de cette pénurie-là. Donc, je pense qu’il faut aller dans cette direction-là. Ça existe ailleurs dans le monde, et on en a déjà eu, même au Québec, il y a un certain nombre d’années. Donc, je pense que le concept de bourses incitatives, c’est un bon concept. Maintenant, le niveau, est-ce que 3000 puis 5000, c’est assez, c’est trop. On va voir les résultats dans les prochains mois, les prochaines années. J’ai hâte de voir les inscriptions pour septembre 2022.

M. Robillard (Alexandre) : Mais donc je comprends qu’il n’y a pas d’études ou d’analyses qui étaient au soutien de cette décision ?

M. Legault : Pour être capable de faire une analyse aurait fallu que ça soit déjà fait et qu’on soit capable de dire quand ça a été fait, bien, que ça a donné quoi comme résultats. Étant donné qu’on est en train de construire quelque chose de nouveau, c’est difficile de faire une analyse spécifique, précise, chiffrée sur quels seront les impacts ?

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que le gouvernement ne serait pas en droit de s’attendre…

La Modératrice : Véronique Presse, Radio Canada. Une question une sous question, s’il vous plait.

M. Robillard (Alexandre) : …que le Service de police de la Ville de Québec suspend ses policiers compte tenu qu’une ministre de votre gouvernement a demandé au Commissaire à la déontologie d’enquêter sur une opération qui les implique ?

M. Legault : Je fais confiance au SPVQ. Je fais confiance à la direction du SPVQ pour décider en attendant le résultat de leur enquête interne qui devrait être rapide. Qu’est-ce qu’ils doivent faire ? Je leur fais confiance.

La Modératrice : Véronique Prince, Radio Canada

Mme Prince (Véronique) : Oui, bonjour. Je voudrais revenir sur les documents qui ont été transmis à la coroner Kamel. Les partis d’opposition vous accusent d’avoir en quelque sorte fabriqué des documents puis que c’est près de l’entrave au travail de la coroner, d’après eux. Est-ce que vous n’avez pas peur que dans l’opinion publique, ça finisse par coller qu’il y a un manque de transparence et puis qu’il y a des choses peut-être qu’on ne sait pas par rapport au décès de la première vague ? C’est pas un risque que vous courez ? Ce n’est pas dangereux à ce niveau-là pour vous ?

M. Legault : Moi, je trouve c’est l’opposition qui joue un jeu dangereux parce que j’ai été clair depuis le début. D’ailleurs, c’est moi qui ai demandé dans une réunion étant donné qu’on n’avait pas tous les chiffres sur, par exemple, le nombre d’employés qui manquaient dans chaque CHSLD, les équipements de protection, est-ce qui en manquaient ? Et puis, combien en manquaient ? Dans quels CHSLD ? Étant donné qu’on n’avait pas toutes les données, j’ai demandé qu’on fasse des inspections. On a fait 11 000 inspections. Puis, moi, je vais être clair depuis le début, puis tant que je serai premier ministre, toutes les informations qu’on a, on va toutes les données. Maintenant, ce que j’ai compris, c’est que la coroner a demandé les infos, pas juste concernant les 5-6 CHSLD. Ils ont demandé les 11 000 rapports, pas rapport, mais grille d’évaluation. Donc, pour aider, les gens du ministère, on fait comme un résumé des 11 000 pour aider la coroner. Donc, moi, je vais être bien clair, tout ce qu’on a, toutes les grilles d’évaluation, j’ai dit… j’ai été clair depuis le début, je ne changerais pas, sont toutes disponibles.

Mme Prince (Véronique) : La coroner songe à la possibilité de réassigner des témoins. Est-ce que Mme McCann, vous avez voulu rectifier le tir devant les médias la semaine passée ? Est-ce que vous pourriez aller rectifier le tir de voir la coroner ?

Mme McCann : Bien écoutez, moi, moi, je pense que ce qui est en train de se passer avec la coroner, ça prouve qu’il faut laisser la coroner faire son travail. Juste le témoignage de l’Institut national de santé publique d’hier qui est très important par rapport aux CHSLD, vraiment, met une lumière sur ce qui s’est passé au début. Alors, écoutez-moi, je pense que la coroner le droit de réassigner des témoins. Elle va entendre, d’ailleurs, elle l’a annoncé le coordonnateur des mesures de Sécurité civile, M. Martin Simard, je pense de mémoire, et qui va témoigner en janvier. Moi, je pense que la coroner, à ce moment-là, encore une fois le droit de réassigner, mais d’après ce que je vois, elle est en train de tourner toutes les pierres et je pense que c’est heureux pour nous.

Mme Prince (Véronique) : Mais ma question, c’est est-ce que vous seriez prête à y retourner ?

Mme McCann : Ah, absolument. Si la coroner me demande d’y retourner. Évidemment, moi, je ne souhaite que collaborer.

La Modératrice : Nicolas Lachance, Journal de Québec

M. Lachanche (Nicolas) : Bonjour à vous trois. Monsieur Legault, la semaine dernière, vous avez dit regretter d’avoir fixé à 80 pour cent la vaccination pour les 5 à 11 ans qu’on retrouverait si ont atteints ça, cette liberté ou des mesures syntaxe réduites. Est-ce que vous regrettez d’avoir indiqué 20 à 25 personnes pour le temps des Fêtes, alors qu’il n’y a toujours pas de décision de la Santé publique qui a été prise ?

M. Legault : Écoutez, on m’a demandé, vous, est-ce que vous pensez qu’il faudrait assouplir le nombre de personnes dans les maisons? J’ai dit que moi, j’étais ouvert à ça, mais que je me fierais à Santé publique. Si on ne plus dire ce qu’on pense là, on a un problème.

M. Lachanche (Nicolas) : Mais ça ne peut pas amener de la confusion dans la population si au jour de Noël, il y a des gens qui ont juste entendu cette réplique-là ?

M. Legault : J’ai dit que je souhaitais, mais que je respecterais la décision du directeur de la Santé publique nationale.

La Modératrice : Prochaine question. Prochaine question s’il vous plait.

M. Lachanche (Nicolas) : Madame McCann, il y a encore des oppositions ce matin qui vous ont taxée d’avoir menti. Il pèse là-dessus énormément. Qu’est-ce que vous avez à leur dire ? Ils répètent ça sans cesse.

Mme McCann : Bien moi, ce que j’ai à leur dire, c’est de vérifier les faits. Et effectivement, on voit comment ça se déploie actuellement avec l’enquête de la coroner qu’il y a eu une rencontre en janvier, il y a eu une lettre qui est envoyée au réseau. La lettre, elle est… elle est là, elle est présente. La coroner va entendre le coordonnateur des mesures de Sécurité civile en janvier. La coroner a entendu l’Institut national de santé publique qui lui a dit qu’est-ce qui s’était passé de leur point de vue, de leur rôle par rapport aux personnes âgées et aux CHSLD. Moi, je pense qu’à ce moment-là, il faut laisser faire le travail de la coroner et je pense que les faits parlent d’eux-mêmes. Qu’effectivement, j’ai bien dit au départ qu’on ne m’avait pas alerté sur la question de la fragilité des CHSLD ou plutôt le risque au niveau des CHSLD. Ce que l’INSPQ a dit, c’est qu’il n’avait pas vu venir la rapidité de la transmission dans les CHSLD. Il ne l’avait pas vu que leur modèle ne le prévoyait pas, et qu’ils n’ont pas alerté. Évidemment, en janvier, leur focus n’était pas sur les CHSLD, était sur les centres hospitaliers. Et effectivement, c’est ce que j’ai dit à la coroner qu’on n’a pas été alertés en janvier, mais effectivement, qu’on a quand même mobilisé le réseau parce qu’il y avait un virus, un nouveau virus qui était… il y avait un danger d’épidémie, mais effectivement, les travaux se sont mis en cours. On a fait des travaux. Elle va entendre le coordonnateur de la Sécurité civile. Alors moi, ce que je dis par rapport à ces commentaires de l’opposition. Il faut vérifier les faits et les faits prouvent qu’effectivement, sous serment, on dit la vérité à la coroner.

La Modératrice : Prochaine question, Radio X.

M. Gariépy (François) :   Bonjour, François Gariépy. Heureux de vous retrouver. Bonjour à vous trois. En fait question sur le sujet du jour. En fait, vous vous présentez aujourd’hui des bourses perspectives Québec, des bourses incitatives si j’ai bien compris. C’est une forme d’allocation pour les chômeurs qui accepteraient de retourner à l’école. Des bourses allant de 1 500 $ à 2 200 sur une base hebdomadaire, c’est bien ça ? Dans le fond, est-ce que c’est l’arrivée des hautes études gratuites au Québec ? Est-ce qu’on peut affirmer ça dans le fond pour 34 professions que vous avez identifiées, dans le fond, ça ne coûtera rien d’aller à l’école ?

M. Legault : Bon, d’abord, on parle de 6 secteurs, même quand on regarde les bourses, ces 5 secteurs. Je peux vous dire qu’il y a des pays qui font ça depuis plusieurs années. Il y a le programme, entre autres, qui s’appelle STEM Science Technology Engineering Mathématique, parce que les sciences, c’est au cœur de l’innovation et de la création de richesse. Nous, ça n’a pas été dans notre culture pendant longtemps d’inciter des jeunes d’aller dans certains secteurs. Mais on se rend compte actuellement que ça s’accélère la pénurie, en particulier dans certains secteurs qui touchent les services aux citoyens. Donc, enseigner, soigner, et dans les secteurs des nouvelles technologies puis du génie. Donc, si on veut être capable d’abord de bien servir les citoyens, puis être capable de créer de la richesse au Québec, il faut nous aussi qu’on mette des incitatifs. Je pense qu’on est rendus là. On est allé fort, mais je pense que c’est pour le bien de l’ensemble de la société québécoise.

M. Gariépy (François) : J’avais une deuxième question que je m’étais promis de vous poser concernant le retour des Nordiques. Mais il y a d’autres choses dans l’actualité, évidemment, qui me motive à vous poser. En fait, l’arrivée de Eric Zemmour en politique française a été annoncée ce matin. J’aimerais avoir votre commentaire sur cette ?

M. Legault : Je n’ai pas l’intention de m’impliquer dans la politique française.

M. Gariépy (François) : Est-ce que vous voyez un parallèle avec l’arrivée de monsieur Duhaime dans les derniers mois ici au Québec ?

M. Legault : Je n’ai pas de commentaires à faire sur la politique française.

La Modératrice : Merci. Prochaine question Le Soleil.

Journaliste : Vous dites qu’avec ces 4 milliards, 3,9 milliards, vous avez comblé 170 000 postes vacants. Par contre, de l’autre côté, il y a d’autres domaines qui, eux, vont à en perdre. Donc, la balance totale, c’est pas plus de 170 000. Vous voulez que ce soit quoi le total ?

M. Boulet : Ce n’est pour 170 000 postes vacants, c’est 170 000 travailleurs qualifiés additionnels parce que, par exemple, en 2019, avec nos mesures régulières d’emploi, on a contribué à réintégrer 138 000 personnes. En 2020 même dans un contexte pandémique, 85 000 personnes ont été réintégrées en emploi avec des mesures de formation, puis de requalification. Puis toutes des mesures qui découlaient d’un plan d’action pour la main d’œuvre qu’on a faite avec la contribution des partenaires du marché de l’emploi.

Journaliste : Vous comprenez qu’il y a un transfert ? C’est juste ça que je veux dire. Est-ce que le transfert dans 170 000 est important ou il y a beaucoup de nouveaux travailleurs ?

M. Boulet : Il y a beaucoup de nouveaux travailleurs. Il y a des personnes qui ne travaillent pas. Il y a des personnes qui travaillent et qui veulent se requalifier. Il y a des jeunes qui vont aller étudier dans les secteurs stratégiques qu’on a identifiés les technologies de l’information, la santé notamment, puis le génie. Et donc, c’est de nouvelles personnes.

Journaliste : Une idée de la proportion ? Non ?

M. Boulet : Pardon ?

Journaliste : La proportion de nouveaux puits de transfert, vous le savez vous ?

M. Boulet : Ah, mon Dieu. Non. Je ne suis pas en mesure de donner des chiffres précis là-dessus.

Journaliste : Madame McCann vous disiez 6 domaines, 34 professions, mais est-ce qu’on sait le nombre de programmes, les gens qui vont s'inscrire, les jeunes, est-cce qu’on sait le nombre de programmes qui sont éligibles à ces bourses là?

Mme McCann : Mais ça, on va transmettre l’information dans le futur, on va avoir une liste de programmes bien précis.

La Modératrice : Merci, Fanny Lévêque, La Presse.

Mme Lévêque (Fanny) : Oui, j’aurais besoin d’une précision quand vous parlez, monsieur Legault, tout a l’air d’une nouvelle allocation de 475 $ par semaine. Ça, c’est... ce sont les bourses là dont on parlait la semaine dernière, où c’est vraiment une nouvelle qui s’ajoute ?

M. Legault : Une nouvelle qui s’ajoute.

M. Boulet : Oui, c’est un soutien de revenu qui va permettre aux personnes, par exemple, qui gagnent moins sur le chômage que le 475 $ de bénéficier de la différence et de faire des activités de formation ou de requalification. Puis des prestataires d’aide sociale, on avait le programme Objectif emploi, qui donnait accès à un montant de 51 $ qui va être augmenté à 475 $. Fais que ça, ça va permettre aussi au Québec de devenir moi, ce que j’appelle, une société apprenante. Où tout le monde aura une opportunité de se former ou de ce requalifié pour répondre à des besoins de main d’œuvre dans les secteurs stratégiques qu’on a identifiés.

Mme Lévêque (Fanny) : Donc, ce montant-là est aussi pour les 6 secteurs identifiés ?

M. Boulet : Absolument.

Mme Lévêque (Fanny) : Monsieur Legault, j’aimerais vous entendre sur les CPE. Cette semaine, on va être le 1er décembre. Il y a les mandats de grève, les négociations qui continuent. Est-ce que votre patience a atteint une certaine limite ? Est-ce que vous pensez de plus en plus à une loi spéciale ?

M. Legault : Moi, je veux qu’on règle le conflit en s’entendant avec les syndicats. Puis, je répète la situation que j’ai faite le poing, tantôt avec Sonia Lebel. On est très, très proche d’une entente pour les éducatrices en garderie. Donc, avec les syndicats, la CSQ, CSN, on est très près d’une entente sur les éducatrices en garderie. Là où il y a un problème, c’est concernant les employés de soutien ou là, la demande est disproportionnée par rapport à ce que nous on offre. Donc, il y a un problème avec les employés de soutien, mais on s’entend que les éducatrices en garderie, puis honnêtement, moi, depuis le début des négociations avec les 550 000 employés, je voulais, contrairement à ce qu’on a fait dans le passé, où on offrait la même augmentation de salaire à tout le monde, je voulais privilégier certains groupes : les préposés aux bénéficiaires, les enseignants, les infirmières qui travaillent de soir, de nuit, les éducatrices en garderie. Donc, il n’a jamais été question de donner 20 pour cent d’augmentation à tout le monde. Ce sont certains groupes, mais je peux comprendre que pour certains syndicats, c’est difficile puisqu’ils représentent plusieurs groupes d’employés. Donc de dire à certains employés, vous, vous avez 20 pour cent, puis vous vous avez 6 pour cent. C’est plus difficile.

Mme Lévêque (Fanny) : Mais là, ça traîne quand même. Ça fait plusieurs jours que vous nous dites que c’est ce point-là qui est en litige. Donc, il n’y a pas… Ça n’avance pas tellement ?

M. Legault : Oui, mais là, moi, ce que je voudrais, c’est que tout le monde comprenne bien là qu’on est proche d’une entente avec les éducatrices en garderie. Et moi, c’est la partie qui est importante pour moi.

La Modératrice : S’il n’y a pas d’autres questions en français, on va passer à Phil Authier, Montreal Gazette.

Mr. Authier (Phil) : Good afternoon to you all. Premier just to go back over your comment about the Christmas season, the number of persons, you floated the idea of allowing the 10-person limit per household to go to the 20 or even 25. Are you concerned that you’re raising false hopes in making this statement, and you… because I remember last Christmas you had to go back? Are you worried about… having to create false hopes?

Mr. Legault: Last time, I announced measures last year. What I did and what I said yesterday is, I hope person that we can increase the amount, the number of people in houses from 10 to 25-25. I hope so. But will have recommendations from Dr. Arruda next week. So I will follow the recommendation of Dr. Arruda. But journalists asked me yesterday personally, what do you think? Maybe I should not answer these kinds of questions. I’m learning.

Mr. Authier (Phil): Been around a while. You’ve been around a while, you must have learned that by now?

M. Legault: Even after all these years, I still have a lot to learn.

Mr. Authier (Phil): I wanted to ask you one more little question, the WHO, the World Health Organization is now talking that people who are vulnerable and over 60 should maybe not travel in the coming months because of the new virus. Are you worried that that might discourage Quebec’s snowbirds from going to the States? Or what impact would that have if it people are over 60 are not allowed to travel?

M. Legault: First, I like it very much when Quebecers stay in Quebec. My first choice is to see all Quebecers staying in Quebec, visit our region like Charlevoix. But I think that again it's a decision coming from Public Health and I will follow the recommendation of Public Health.

Moderator: Next question. Kathy Sonne, CBC.

Ms. Sonne (Kathy): Good afternoon to all of you. Mr. Legault, many businesses will be pleased with the measures that your announcing with new technology is training, scholarships all of that is good. But there are just not enough people to fill the job right now and to avoid this economic catastrophy because when you’re missing so many workers it can become catastrophy. They are asking you again to raise permantly the immigration level, but he said in French that we are doing enough. But are you sure about this?

M. Legault: First, the situation has changed about everywhere in industrial countries, all right. And for many, many years, we had more employees than jobs. Now, it’s the opposite, and it will stay like that in industrial countries for a long time. At least until 2030. What we see also… it’s good for the workers because we see the average salary going up. So we’re happy to see the average salary which is still under Ontario and other of our neighbours. It’s going up faster, so I’m happy to see that. Of course, it’s good for 4.5 million of workers in Quebec, but it’s a challenge for some companies. Company’s like in IT, in engineering doing innovation. They’ll be happy with our measures. Some other companies they will have to be more modern if I can say the way, and increase their productivity. It’s improving. We’ve seen that in the recent days, saying that our productivity is going up higher and faster than our neighbours, but we have to continue to do so. But if you take for example, the retail business. It’s tough for the retail business. We see shopping centres that are empty and with the Amazon type, it will… you will see that more and more. So there’s an adjustment in our economy. It’s good for the workers but they will be… there will be a need for the companies, and we’ll help them for training for modernization, but some of them will have to adjust maybe in new sectors.

Ms. Sonne (Kathy): Just go back to my question…

Mr. Legault: Immigration.

Ms. Sonne (Kathy): Yes. Are we at the top, top of what we can do in Quebec?

Mr. Legault: Right now we receive 50,000 immigrants every year which is more than the United States, France and more most of the countries, all right. So we don’t… we’re not at the end of the list but on the top. We also have the challenges in Quebec of integration to learn French in a small state in the big English, anglophone, North America. So, we’ll always have this challenge. So we think that right now the integration capacity at 50,000 is at the maximum.

Ms. Sonne (Kathy): Regarding the report of CHSLDs, what the coroner is asking. She received the reports but in condensed version as you said. She says it’s incomplete. I know how hard you worked during the pandemic, but it is being last days now, it’s becoming of free-for-all. You don’t want that?

Mr. Legault: No, no. I don’t want that and I have been clear since the beginning in a will continue to ask them to give all the information they have to the coroner. But what I understand is that at the beginning, they were asking information regarding 5 or 6 CHSLD, now they wanted 11,000 evaluations. And to help them, Health Care Ministry, they’ve put a kind of resume together. So, yes, it’s a new document but I told them, give the 11,000, and the staff will do what they need to do with that. So they were just trying to help putting together a resume of those 11,000 evaluation but again all the information we have, we’ll give them.

Moderator: Raquel Fletcher, Global News.

Ms. Fletcher (Raquel): Good afternoon everyone. What you say Mr. Legault to people who accuse you and we heard it again on the weekend at the Liberal Convention that you and your economic policy is anti-immigration.

Mr. Legault: From what I understood, Dominique Anglade is not asking to increase the 50,000 immigrants a year. So it’s tough to follow her. She’s saying that we are not doing enough. But she is at the same level than us. She’s not asking to raise that to 75,000. She’s at 50,000 also. So, we have no differences on this point between the Liberal Party and the CAQ.

Ms. Fletcher (Raquel): But for other people who accuse you of being anti-immigration, and today you come out and say immigration isn’t the solution, what do you say to them?

Mr. Legault: I tell them that with 50,000 new immigrants year, Quebec is one of the places in the world that is welcoming most important number of immigrants. More than the United States, more than France. So I don’t accept this judgment

Ms. Fletcher (Raquel): On the events that happened Friday night with the Quebec City police, we’re hearing a number of people come out and call for independent inquiry. I’m wondering if you can explain to our viewers who are shocked by these videos, why the BEI isn’t automatically involved in case like this?

Mr. Legault: Okay. The Commissariat… Commissaire à la déontologie.

Ms. Fletcher (Raquel): The Ethics Commissioner.

Mr. Legault: Okay. The Ethics Commissioner is independent. So they’ll do an inquiry, but I’m telling all Quebecers that I’ll make sure to have all the answers. Because I didn’t like the video. So let’s see what the SPVQ will do, the internal inquiry. Do we get all the answers? What the Ethic Commissioner, what she’ll do? What he’ll do? And if necessary we’ll do more, because I want to have all the answers.

La Modératrice : C’est ce qui met fin à cette conférence de presse. Merci beaucoup.  

Dernière mise à jour : 6 mars 2023