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Mots de l'expert
Par Olivier Lamalice, conseiller aux politiques à la Direction de la démocratie, de l’éthique et de la gestion contractuelle municipales
Depuis plusieurs années, le MAMH contribue activement à accroître la présence des femmes en politique municipale. J’ai l’occasion de m’intéresser à cet enjeu en tant que conseiller aux politiques responsable de tous les dossiers de condition féminine en matière de démocratie; cela inclut, entre autres, les questions touchant la parité et l’égalité au sein des conseils municipaux.
Même si les statistiques montrent que les femmes qui se portent candidates n’ont pas moins de chances que les hommes d’être élues pour siéger à un conseil municipal, plusieurs obstacles et préjugés 
persistent et font en sorte qu’elles sont, encore aujourd’hui, moins nombreuses à poser leur candidature. Malgré des progrès, les obligations familiales, le travail domestique et la charge mentale – que les études démontrent être plus souvent sous responsabilité féminine – freinent bon nombre d’aspirantes candidates lorsqu’elles pensent à les conjuguer aux exigences d’une carrière en politique.
À mon arrivée au MAMH en 2019, ça faisait déjà 10 ans que je travaillais en condition féminine, notamment au @Secrétariat à la condition féminine et au @Conseil du statut de la femme. J’ai donc pu mettre mon expertise au service de la Direction de la démocratie, de l’éthique et de la gestion contractuelle municipales, chargée d’atteindre l’objectif ministériel d’augmenter le nombre de candidatures féminines aux élections générales municipales de 2021. Nous avons mis sur pied une campagne motivante se penchant sur des obstacles rencontrés par les femmes, tant en ce qui concerne leurs doutes personnels (quant à leur compétence, à leur expérience, etc.) que leurs appréhensions à l’égard de la conciliation entre leur vie privée et leur carrière.
Ces actions ont porté fruit, puisque nous avons réussi à dépasser notre cible fixée à 34% de candidates pour finalement atteindre 35,5% de candidatures féminines au total. Il s’agit d’une augmentation de 9 points de pourcentage depuis 2005, où les femmes représentaient 26,6% de toutes les candidatures. En ce qui concerne les personnes élues, les femmes occupaient, en 2021, 38,5% des postes de conseiller municipal ou conseillère municipale, comparativement à 32,6% en 2017. La proportion entre les maires et les mairesses accuse pour sa part toujours un certain retard, alors que seulement 23,6% des villes et des municipalités du Québec ont une femme à leur tête.
Au-delà des campagnes électorales
Les actions pouvant contribuer à s’approcher de la zone paritaire ne se posent pas uniquement en période électorale, au contraire. C’est en ce sens que je suis impliqué au sein d’un comité de travail d’Espace MUNI avec le Secrétariat à la condition féminine, Concilivi et certaines universités. Par des revues de littérature et des sondages sur les meilleures pratiques, entre autres, ce groupe de recherche documente la question de la conciliation travail-famille pour recommander aux municipalités, notamment aux plus petites ayant moins de ressources, de nouvelles solutions permettant aux personnes élues de mieux concilier leurs obligations professionnelles et personnelles. Rendre la politique municipale accessible et attrayante pour les mères de famille, surtout celles de jeunes enfants, est un défi. Des groupes de mentorat pourraient être mis en place, tout comme il serait possible de commencer les rencontres plus tôt afin qu’elles se terminent à une heure mieux adaptée à la réalité parentale, sans nuire à la participation à la période des questions du public.
En parallèle, nous travaillons aussi sur différents dossiers touchant le respect et la civilité, tant au sein des conseils qu’avec la population, afin que la politique municipale soit plus accueillante. Au cours des dernières années, les médias ont fait état du retrait de plusieurs personnes élues, entre autres pour des raisons de conflits internes au sein des conseils municipaux ou avec des citoyennes et citoyens. Nous voulons inciter les gens à réfléchir à la nécessité de faire preuve de civisme dans les échanges de toute nature entre les parties. L’animosité dans certains milieux municipaux et au sein de quelques conseils fait d’ailleurs partie des principales appréhensions des femmes qui envisagent une carrière politique. Les recherches auxquelles j’ai participé par le passé démontrent en effet que les femmes sont souvent victimes des propos les plus violents et sur des périodes plus longues.
Finalement, afin de souligner le travail accompli pour que toutes ces femmes surmontent les obstacles à leur évolution en politique municipale, un prix Femmes et démocratie municipale a été remis pour la première fois au Mérite municipal du MAMH. Ce prix, remis par le jury dont je faisais partie, a permis de saluer les efforts de certains groupes pionniers pour leur apport à l’égalité des sexes au sein du milieu municipal.
Olivier Lamalice
Dernière mise à jour : 21 février 2024
