Le 7 novembre dernier avait lieu la deuxième partie de la formation offerte aux membres de l’Assemblée nationale avec, cette fois encore, une très forte présence. Au cœur de cette formation : les solutions concrètes pour faire face à la crise systémique que représentent les changements climatiques et les rôles que les parlementaires peuvent jouer.

Alors que l’année 2023 a été de loin la plus chaude jamais enregistrée, cette deuxième partie était consacrée aux solutions pour lutter contre les changements climatiques. Des options de réduction des émissions de GES et d’adaptation, ainsi que le rôle des parlementaires de l’Assemblée nationale, ont été les principaux sujets couverts. Le président du Comité consultatif sur les changements climatiques, Alain Webster, et le directeur général du consortium Ouranos, Alain Bourque, accompagnés de Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec, ont livré un message orienté sur des voies de passage pour faire face à cette crise systémique. Une action climatique renforcée, tant en matière d’adaptation que de décarbonation, favorisant l’inclusion et l’équité, est essentielle. Dans ce contexte, les membres de l’Assemblée nationale ont un rôle majeur à jouer pour contribuer à l’élaboration et au déploiement d’actions « secteur par secteur, région par région ».

S’adapter de façon structurante et cohérente en évitant la maladaptation

Alors que les aléas climatiques augmentent en fréquence et en intensité, nos sociétés présentent une vulnérabilité intrinsèque qui les expose aux risques climatiques. Le verdissement, le réaménagement côtier et le redimensionnement des ouvrages sont parmi les mesures locales d’adaptation. Ces mesures dites « physiques » doivent se déployer à plus grande échelle selon une approche nationale cohérente et structurante contribuant à une plus grande résilience de la société et des écosystèmes naturels. Elles doivent être combinées à des mesures « non physiques » tels des outils d’aide à la décision, et à l’ensemble de l’arsenal de l’action gouvernementale (règlementation, programmes, outils économiques et outils de sensibilisation). Une approche basée sur la science est essentielle pour éviter la maladaptation, une situation où des mesures d’adaptation engendrent différentes conséquences négatives, par exemple en déplaçant le problème, en amplifiant les iniquités ou même en augmentant les émissions de GES.

Décarboner tous les secteurs

Bien que le Québec soit dans une situation enviable grâce à sa production d’électricité, dans sa quasi-totalité carboneutre, il n’en demeure pas moins que des efforts massifs seront requis pour décarboner l’ensemble de la consommation d’énergie. Tous les secteurs sont concernés, de l’aménagement du territoire au bâtiment, en passant bien sûr par le secteur industriel, et sans oublier le transport, qui est responsable à lui seul de 42,8 % des émissions du Québec. Les défis climatiques requièrent un changement d’échelle concernant les efforts à déployer, et les mesures de réduction de la demande, d’amélioration de l’efficacité énergétique et de transition vers l’énergie renouvelable sont à prioriser.

Plus d’écofiscalité et plus d’investissements sont requis

La tarification carbone est reconnue comme un outil essentiel pour soutenir la transition climatique, mais cette tarification au Québec reste encore sous les niveaux permettant l’atteinte des objectifs de l’accord de Paris. À l’échelle internationale, des investissements annuels de trois à six fois supérieurs aux niveaux actuels seront requis, et les décideurs sont devant un trilemme : mettre sur pied des mesures politiquement acceptables, alignées avec les objectifs climatiques, tout en étant viables du point de vue des finances publiques. Pour accélérer son ambition climatique, le Québec doit donc, comme les autres États, effectuer son propre arbitrage en combinant l’accroissement de mesures écofiscales incitatives tant au chapitre de l’offre que de la demande, la mise en œuvre d’un cadre réglementaire plus contraignant et l’augmentation de la dépense publique consacrée à l’enjeu climatique.

Les rôles essentiels des élus pour faire face à cette crise systémique

Qu’ils soient dans leur circonscription, à l’Assemblée nationale, au gouvernement ou dans la société, les élus ont plusieurs rôles à assumer. Ils jouent un rôle d’interface entre les services publics et des citoyens parfois inquiets des impacts des changements climatiques et des mesures de lutte contre ceux-ci. Ils doivent veiller à la cohérence des actions afin d’intégrer la décarbonation et l’adaptation dans l’ensemble des politiques publiques, dans une démarche de justice climatique. Ils consultent les diverses parties prenantes de la société civile et ils doivent favoriser une vaste mobilisation et une meilleure concertation. Ils doivent faire preuve de vision et d’ambition, favoriser l’innovation technique et sociale, fonder leur action sur la science et permettre une réelle croissance de l’ambition climatique.

À propos de cette formation

Cette initiative a été réalisée en réponse à une motion adoptée à l’unanimité le 2 décembre 2022, pour « organiser, dans les meilleurs délais, une formation transpartisane pour les députés qui porte sur les changements climatiques ». La première partie de cette formation s’est déroulée le 18 avril 2023.

Dernière mise à jour : 1er décembre 2023