Une équipe de recherche identifie un biomarqueur pouvant expliquer l'échec des traitements chez certaines personnes

LAVAL, QC, le 14 févr. 2024 /CNW/ - Une équipe de recherche franco-canadienne, menée par la professeure de l'INRS Maya Saleh, s'est intéressée à la résistance aux traitements par immunothérapie observée chez certaines personnes atteintes d'un cancer du foie de type carcinome hépatocellulaire (CHC) et d'une stéatohépatite non alcoolique. Les conclusions de l'étude sont publiées dans la revue Cell Reports.

La professeure de l'INRS Maya Saleh. Crédits : INRS (Groupe CNW/Institut National de la recherche scientifique (INRS))

Le carcinome hépatocellulaire est associé à des facteurs de risques connus comme l'infection chronique par le virus de l'hépatite B ou C, l'abus d'alcool ou encore la dysfonction métabolique. Ceci en fait le type le plus fréquent des cancers du foie. Malgré les importantes avancées de traitement apportées par l'immunothérapie, ce cancer est souvent fatal : environ 75 % des patients atteints d'un CHC avancé ne répondent pas à ces traitements, pour des raisons qui restaient à éclaircir.

C'est pourquoi l'équipe de recherche a voulu explorer le lien entre la stéatohépatite non alcoolique, une maladie chronique inflammatoire touchant le foie, et la résistance thérapeutique aux immunothérapies de personnes atteintes d'un CHC.

« Nous avons identifié un biomarqueur immunitaire du CHC associé à la stéatohépatite qui permettra de sélectionner les personnes plus susceptibles de répondre aux traitements actuels et de développer de nouvelles immunothérapies », explique la professeure Maya Saleh, spécialiste internationale en immuno-oncologie. « On pourrait envisager des immunothérapies qui restituent une réponse immunitaire efficace contre le CHC et avoir un effet indirect sur l'inflammation du foie et donc la stéatohépatite. »

Découverte d'une cible thérapeutique potentielle

Le cancer du foie de type carcinome hépatocellulaire reste un problème majeur de santé publique : le nombre de cas a doublé au cours des trois dernières décennies en Amérique du Nord. Dans les stades avancés du CHC, les traitements habituels précédant l'immunothérapie, telle que le sorafénib, améliorent la moyenne de survie globale moyenne de seulement 3 mois, en plus d'être associés à des effets secondaires importants.

Plus récemment, le portefeuille d'options thérapeutiques s'est déplacé vers les immunothérapies qui augmentent la moyenne de survie des personnes atteintes de CHC, allant jusqu'à 17 mois en moyenne pour certaines combinaisons.

Grâce à l'utilisation de technologies omiques, qui permettent l'analyse d'une grande quantité de données biologiques en peu de temps, l'équipe a établi la cartographie immunitaire de la tumeur et du foie adjacent non tumoral chez 10 patients. Ces premières observations l'ont menée à étudier des bases de données de centaines d'individus afin de valider les profils immunitaires relatifs aux facteurs du risque et associés avec la sévérité de la maladie.

Ces premiers résultats indiquent que l'inflammation chronique induite par la stéatohépatite rend l'environnement du cancer du foie unique, avec une expansion de cellules immunosuppressives de la réponse immunologique contre la tumeur. Autrement dit, la stéatohépatite paralyserait la réponse immunitaire dirigée contre le cancer.

L'équipe de recherche a ainsi démontré que les cellules immunosuppressives expriment un récepteur inflammatoire, nommé TREM1, qui contribue à leurs fonctions nocives. Les scientifiques mettent en évidence TREM1 comme cible thérapeutique potentielle dans le CHC associé aux maladies stéatosiques hépatiques non alcooliques.

D'intéressantes répercussions pour la recherche en immunothérapie

En identifiant ce biomarqueur, qui pourrait expliquer la raison de l'échec thérapeutique chez les personnes atteintes d'un cancer du foie de type CHC, l'équipe a ouvert la voie à une nouvelle manière de stratifier les patientes et patients. Il serait donc possible de savoir qui serait plus susceptible de répondre ou non à l'immunothérapie avant même de commencer les premiers traitements.

Une telle avancée scientifique permettrait d'éviter le poids psychologique subit par le patient qui ne répond pas à l'immunothérapie. Les importants impacts physiques, parmi lesquels les effets secondaires, pourraient aussi être empêchés.

« C'est une voie prometteuse pour les prochaines années. Nous poursuivrons cette analyse en caractérisant la composante immunitaire des tumeurs dans une plus grande cohorte de patients, notamment par imagerie complète de la composition cellulaire de la tumeur et l'utilisation d'algorithmes de l'intelligence artificielle. Les retombées pourraient être notables dans le domaine », conclut la professeure Saleh.

À propos de l'étude

Cet article a été coécrit par Julie Giraud, Domitille Chalopin, Eloïse Ramel, Thomas Boyer, Atika Zouine, Marie-Alix Derieppe, Nicolas Larmonier, Olivier Adotevi, Brigitte Le Bail, Jean-Frédéric Blanc, Christophe Laurent, Laurence Chiche, Marc Derive, Macha Nikolski et Maya Saleh.

Intitulé « THBS1+ myeloid cells expand in SLD hepatocellular carcinoma and contribute to immunosuppression and unfavorable prognosis through TREM1 », il a été publié dans Cell Reports Vol 43, Issue 2. DOI : 10.1016/j.celrep.2024.11377.

Ces travaux de recherche ont été financés par La Fondation ARC, IDEX Bordeaux, ITMO Cancer, la région Nouvelle-Aquitaine en France et le SIRIC BRIO.

À propos de l'Institut national de la recherche scientifique

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Dernière mise à jour : 14 février 2024