Maison du Québec Saint-Malo - Exposition Visages du Nord : EXODE 138

Découvrez la sélection de photographies tirées d’EXODE 138 Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. de Thibaut Ketterer exposées à la Maison du Québec à Saint-Malo, du 27 mai au 27 août 2023.

Une échappée entre ciel et mer où Les couleurs la Côte-Nord se déploient, tels des tableaux. Le bleu du fleuve côtoie le blanc de la banquise et le gris de l'asphalte, celle la Route 138.Une cicatrice qui sépare l'eau du vert de la forêt. Cette balafre a une fin, au-delà, c'est le territoire du blanc.

Les partenaires de la Maison du Québec sont la Ville de Saint-Malo Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.Bonjour Québec Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre., l’Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ) Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.Télé Québec Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. et La Fabrique culturelle Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre..

Auberge « Aux mille pêchers »

Une auberge inusitée à Godbout, le propriétaire, revenu au village de ses grands-parents depuis 3 ans, est en pleine effervescence. Tout doit être prêt après le dégel pour l’accueil des éventuels touristes. Godbout est traversée par l’une des sept rivières du Québec avec un potentiel de capture de saumons des plus élevé.

Ville de Godbout, avril 2015.

Fin de la route 138

Depuis ce panneau, 1400km de route relient le village de Kegaska à la frontière de l’état de New York (USA). Le village vit principalement de la pêche. Derrière le mot «Fin» c’est encore le Québec et le début de la Basse-Côte-Nord. Elle compte 15 villages pour une population d’environ 5000 habitants, dispersés sur 375 kilomètres de côte sur la rive nord du golfe du Saint-Laurent. Cette région est isolée pendant 5 mois d’hiver, uniquement accessible en motoneige. L’avion et le bateau sont les seuls moyens de transport de ces villages les autres mois de l’année. La route 138, arrivée en 2013, a été un choc pour les anciens et une porte de sortie pour les jeunes, dont certains ne reviennent pas. L’école primaire ne compte plus que 18 élèves. 

Kegaska, avril 2015.

Chez Eldon

Eldon Johns est un photographe professionnel, né au Québec à Blanc-Sablon, il s’est spécialisé dans photos de mariages et les photos scolaires. De père francophone et de mère anglophone, l’anglais était la langue prédominante à la maison. Son accent, mal perçu dans les différentes écoles québécoises, lui a valu le qualificatif de «tête carrée». Il a poursuivi ses études au Nouveau-Brunswick, une province bilingue, où il ne se sentait pas davantage accepté. Lorsqu’il précisait qu’il venait du Québec, il subissait des discriminations à l’embauche.

* Expression québécoise péjorative pour parler d’un Canadien anglophone.

Lourdes-de-Blanc- Sablon, mai 2016.

Cabane de pêcheur

Vieille d’une centaine d’années, cette cabane de pêcheur était faite en bois de pin ramené de France. Elle appartenait au grand-père de Guy Landry, pêcheur depuis l’âge de 17 ans. Sa famille est arrivée en 1854 d’Halifax, en Angleterre. Il a toujours vécu sur la Côte-Nord. Lourdes-de-Blanc-Sablon est pour lui un paradis. Avec son frère, ils sont les derniers pêcheurs de la famille. Lorsque la pêche à la morue est interdite dans les années 80, il se rabat sur la prise de crabe des neiges, la spécialité de la Côte-Nord. Bientôt les morues reviendront, mais il n’y aura plus personne pour les pêcher faute de relève.

Lourdes-de-Blanc- Sablon, avril 2016.

Rivière aux Esquimaux

Certains disent que la Côte-Nord ressemble à un paysage lunaire. La rivière Saint-Paul ou Rivière aux Esquimaux est longue de 550km. Son nom lui vient des Inuits qui vivaient près de son embouchure, ils faisaient du commerce avec les Innus et les Français. Aujourd’hui, on retrouve des chalets sur les îles servant de résidence d’été ou d’hiver pour la pêche sur glace. Au printemps, les chasseurs de phoques entrent en scène, lorsque les icebergs du fleuve Saint-Laurent arrivent à l’embouchure de la rivière Saint-Paul. Cette pratique est encore bien ancrée dans les traditions amérindiennes, Nord-Côtières et Terre-Neuviennes.

Rivière St Paul, avril 2016.

Marc à la base militaire de Moisie

Marc est copropriétaire de l’ancienne école de la base militaire de Moisie. Il l’a reconstruite avec des matériaux recyclés. Il y vit avec ses enfants et accueille des gens de passage. Il collectionne des canots et des kayaks qu’il prête aux gens de la communauté, comme à l’époque, avant l’arrivée des blancs, où la propriété privée était une notion inconnue.

Construite en 1949, en même temps que le chemin de fer, alors qu’il n’y avait ni route ni ville, le lieu déborde d’objets insolites. Cette base devait détecter des missiles nucléaires soviétiques. La Côte-Nord était un territoire stratégique d’accès aux minerais de fer pour l’OTAN. Fermé en 1986, il ne reste plus que les vestiges des bâtiments et d’une enceinte. La plupart des gens qui y vivent sont métis innus.

Base militaire de Moisie, avril 2015.

Jean-Claude à Natashquan

L’arrière-grand-père de Jean-Claude, pur acadien des îles de la Madeleine, a été l’un des fondateurs du village en 1855. Pour lui, Natashquan est un eldorado. Il l’a quitté dans sa jeunesse, puis, lors d’un voyage au Mexique, il a eu un déclic : la terre de ses ancêtres le rappelait. Dès lors, Jean-Claude a repris la pêche au crabe des neiges à Natashquan, et ce depuis plus de 40 ans.

Natashquan, avril 2015.

Dana à Lourds-de-Blanc-Sablon

Jeune femme originaire de La Tabatière, un village de pêcheurs, Dana vit à Vieux-Fort depuis août 2010 avec son mari et ses enfants. Elle aimerait que la route 138 soit prolongée pour que toute la Côte-Nord puisse en profiter. Cela faciliterait le quotidien des habitants pour visiter leur famille, sortir de la Côte pour aller travailler plus loin ou partir en vacances.

À Blanc-Sablon, les gens sont maintenant moins isolés grâce au traversier pour Terre-Neuve et à la route Trans-Labrador qui relie le Québec. Cependant, dans son village d’origine, la population reste isolée. Les transports pour s’y rendre un week-end coûtent trop cher, 1000$ par personne pour 1h d’avion aller-retour de Blanc-Sablon à La Tabatière. Ses enfants vont à l’école française, ce qui lui semble essentiel pour leur avenir professionnel. Dana est anglophone, elle ne parle pas le français et le comprend peu. Elle ne peut pas aider sa fille pour leurs devoirs.

Lourds-de-Blanc-Sablon, avril 2016.

Ira Ferquet à Vieux-Fort

Ira habite Vieux-Fort depuis toujours. Il est pêcheur, bûcheron, chasseur, cueilleur et trappeur. Il travaille dans le Nord comme ouvrier du bâtiment, charpentier, constructeur de canoës de chasse et guide pour les pêcheurs de l’Arctique. Sa mère était originaire de Sainte-Augustine, son père de Vieux-Fort, son grand-père paternel de France. Habile de ses mains, il a construit ses trois maisons. La première quand il s’est marié, une deuxième plus grande, détruite par un incendie lors de la fin de sa construction et une troisième, pour remplacer la seconde. Tout comme Norman Ferquet, son cousin, il a été témoin de la disparition de la pêche à la morue et de la désertification de son village. Ira aime le mode de vie tranquille de Vieux-Fort. Souvent parti à l’extérieur travailler, il revient toujours se ressourcer dans son village natal.

Vieux-Fort, avril 2016.

Chez Normand et Nelson

Norman est un artiste peintre depuis 1975. Ses toiles représentent la vie quotidienne de Vieux-Fort, dans lesquelles il intègre des collages d’animaux, de visages, d’avions, de bateaux. Les murs de sa maison sont recouverts de ses œuvres telle une galerie d’art.  Bien qu’il ait travaillé à Montréal, Toronto, Ottawa et Québec pendant sa jeunesse, c’est à Vieux-Fort qu’il préfère résider pour le sentiment de liberté, de sécurité et les liens culturels. Norman a pêché toute sa vie. La régulation de la pêche a profondément bouleversé son quotidien. Il a vécu l’époque des rachats des permis de pêche et la difficulté pour sa communauté à survivre face à ces restrictions. Fier d’être Canadien, Norman n’a cependant pas oublié que son gouvernement est le principal coupable de l’exode des populations vers les grands centres urbains, accélérant l’appauvrissement de toute la Côte-Nord. La route 138 tarde à venir selon Norman. Il estime que les communautés de la Côte-Nord auraient plus à gagner qu’à perdre en la prolongeant avec l’accès à plus de commerces, de transports, de services.

Vieux-Fort, mai 2016.

A propos de Thibaut Ketterer

Originaire de Chambéry en Savoie (France), Thibaut Ketterer est diplômé du Cégep de Matane (2015). Il s’intéresse particulièrement à la photo documentaire d’auteur à caractère humaniste et autobiographique, qui met à l’avant-plan les us et coutumes des régions et l’exploitation des espaces par nos sociétés (industrie, urbanisme, aire de jeux, habitation, etc.).

Découvrir son travail Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.

Dernière mise à jour : 24 mai 2023