Du 2 au 5 avril 2024, trois musées, huit entreprises et la Société des musées du Québec ont partagé leurs expertises à la Paris Museum Week, en partenariat avec le Club Innovations & Culture France.

Les membres des musées québécois présents ont profité de plusieurs temps d'échange pour nourrir leurs réflexions sur les transformations traversant leur secteur, telles que les transitions socioécologique et économique.

Une conférence sur les coopérations muséales Québec-France

Les « histoires d’amour » professionnelles transatlantiques étaient au cœur des échanges lors d’une conférence sur les coopérations muséales Québec-France : Quelles sont les clefs du succès d’une coopération Québec-France réussie ?, organisée au Salon international des musées (SITEM).

Pour les panélistes québécoises et françaises, le succès d’une coopération Québec-France réussie réside dans plusieurs facteurs que sont le partage de valeurs communes, une écoute mutuelle, l’établissement de relations de confiance et la complémentarité des expertises des deux partenaires. 

Toutes se sont accordées à dire que ces coopérations décuplent les possibilités de rayonnement de part et d’autre de l’Atlantique : elles enrichissent les regards, permettent de décentrer son point de vue sur ses propres pratiques et sont sources d’inspiration mutuelle en termes de contenus et de méthodes de travail.

Elles ont également insisté sur l’importance de tenir des rencontres régulières pour garder les équipes mobilisées sur les projets de coopération, tout comme l’importance des moments de rencontres collectifs comme le SITEM pour développer de nouveaux projets. 

De plus, elles ont souligné que les aides financières accordées pour des projets qui peuvent sortir de l’ordinaire sont primordiales. Celles par exemple de la Commission permanente de coopération franco-québécoise Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. et de l’accord France-Canada pour les musées Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.

Cette conférence a aussi été l’occasion de présenter trois collaborations :

Saviez-vous qu’un visiteur reste en moyenne seulement 3 à 5 secondes devant une œuvre ?

Fortes de ce constat, Marie-Hélène Raymond du Musée national des beaux-arts du Québec et Marion Carré de l’entreprise française Ask Mona ont présenté un agent conversationnel qui utilise l’intelligence artificielle générative pour encourager les visiteurs à s’interroger davantage sur les œuvres qu’ils regardent. L’originalité de cet agent conversationnel est de faire des liens entre les émotions exprimées par les visiteurs face à l’œuvre et les informations vérifiées dont on dispose sur l’œuvre, proposant ainsi une expérience de visite personnalisée et enrichissante.

Comment transposer une exposition d’un côté et de l’autre de l’Atlantique ?

Dans un contexte de bouleversement socio écologique et économique du secteur muséal, Perrette Subtil du musée de la civilisation de Québec et Michèle Antoine d’Universcience à Paris, ont partagé de nouvelles méthodes de coopération sur lesquelles leurs institutions travaillent de concert grâce à la signature d’ententes pluriannuelles.

À titre d’exemple, les expositions peuvent être présentées dans des lieux différents sans avoir besoin de voyager. Seuls les procédés de l’exposition et les éléments multimédias sont envoyés numériquement, ce qui peut permettre dans certains cas d’alléger l’empreinte carbone et les coûts du projet.

Une autre méthode encore peu répandue est l’accueil de personnel « en résidence » entre les deux institutions. Une commissaire d’Universcience se rendra prochainement au musée de la Civilisation pendant une année dans l’objectif de coproduire de futures expositions, permettant ainsi de prendre en compte dès la conception le contexte global et les contextes propres à chaque territoire. 

Ces méthodes de coopération permettent un dialogue constant entre les deux institutions, qui évoluent et innovent alors conjointement.

Comment créer un nouveau lieu de médiation scientifique grâce à des expériences « mémorables » ?

Caroline Julien de l'entreprise québécoise Creo, qui conçoit des expériences numériques et immersives, et Audrey Korczynska de Territoire de Sciences en France ont collaboré dans le cadre de la création de Cosmocité, nouveau lieu dédié à la médiation scientifique à Grenoble. L’objectif était de proposer aux publics de nouvelles manières d’apprendre, en créant « des souvenirs mémorables ». Le succès de cette collaboration a vu naître la création d’un groupe d’échange sur les expériences immersives.

Tables-rondes et stand Québec

Le musée de la civilisation de Québec a également participé à deux autres tables rondes :  

  • La cheffe de la médiation culturelle et éducative, Sophie Giroux, est intervenue lors de la conférence Accessibilité et inclusion : quelles solutions pour des lieux culturels ouverts sur le monde ? : le musée a inauguré Voie libre, un laboratoire d’innovation sociale, destiné à accompagner les publics dans le développement de leur pensée critique. Cet espace de 500 m2 a été pensé en six zones possédant chacune une ambiance et des caractéristiques propres, avec pour fil conducteur « l’éthique du care », qui repose sur l’idée de mieux vivre en société.
  • La cheffe de service, planification, rayonnement et évaluation, Perrette Subtil, a partagé les pratiques écoresponsables du musée lors de la table ronde Quelles stratégies et mises en œuvre pour la décarbonation des musées ?  : une stratégie de décarbonation a été mise en place par le musée, ainsi qu’un plan d’action de développement durable pour 2023-2028.

Toujours lors du SITEM, le stand du Québec a réuni huit entreprises québécoises spécialisées dans les services aux musées. « C'est un retour au salon longuement attendu, suite à une vingtaine d'années de pause ! », se réjouit Stéphane Chagnon, directeur général de la Société des Musées du Québec, qui compte grâce à cette participation « faire rayonner l'expertise québécoise dans le domaine de la muséologie ». La province canadienne est en effet réputée dans ce domaine pour son offre adaptée aux publics très segmentés, en particulier ceux marginalisés. » - Quotidien de l’art, édition n°2802 du 4 avril 2024.

Rencontre annuelle du Club Innovation & Culture (CLIC)

Enfin, le 5 avril, la Rencontre annuelle du Club Innovation & Culture (CLIC) abordait le thème Le musée et le lieu culturel en 2030. Des intervenants du musée national des beaux-arts du Québec, du musée McCord Stewart et du musée de la civilisation ont pu y présenter leurs projets. 

  • La directrice du musée McCord Stewart à Montréal, Anne Eschapasse, a présenté sa vision du musée en 2030 : un musée citoyen, avec une portée sociale et communautaire, un espace de réflexivité sur soi et sur le monde, qui crée des liens, du sens et de l'espoir. Pour elle, le musée doit être un lieu éco-responsable de rencontres interculturelles et intergénérationnelles. Pour atteindre ces objectifs, le musée McCord cocrée ses contenus avec les porteurs de récit des différentes communautés montréalaises. Il souhaite notamment devenir un lieu de ressources pour les nations autochtones qui souhaitent créer leurs propres lieux d'expositions. 
  • La directrice des expositions et du musée de l'Institut du monde arabe à Paris, Nathalie Bondil, envisage le musée comme un lieu de conversation plutôt qu’un lieu de conservation, où l’interdisciplinarité et la cocréation ont toute leur place. « Le musée doit être un lieu où l’on peut poser des questions ouvertes, qui valorisent la pluralité des opinions, la polyphonie des voies ». Elle a rappelé le rôle pionnier du musée de la civilisation de Québec dans l’ouverture des musées sur les sociétés contemporaines et leurs enjeux. Pour finir, elle a indiqué envisager le musée comme un lieu qui fait du bien, un lieu d’art-thérapie, et a pris pour exemple la création, à Montréal, de la prescription médicale pour se rendre au musée. Un modèle qui fait désormais des émules dans le monde entier. 

Ces temps de partage sont essentiels pour nourrir la réflexion sur les transformations qui traversent ce secteur clef, que l’on parle de transition socio écologique ou économique. Ces échanges Québec-France permettent d’élaborer des solutions novatrices et confirment à quel point l’expertise québécoise et française sont complémentaires.

Composition de la délégation québécoise

Les musées

Les entreprises spécialisées 

Dernière mise à jour : 18 avril 2024