Nasse de la Nouvelle-Zélande
Nom français
Nasse de la Nouvelle-Zélande
Nom anglais
New Zealand mud snail
Nom scientifique
Potamopyrgus antipodarum
Grand groupe
Invertébrés
Sous-groupe
Mollusques et crustacés
Dans cette page :
Description
La nasse de la Nouvelle‑Zélande est une espèce exotique préoccupante qui est aux portes du Québec.
Identification
Taille
En Amérique du Nord, la longueur moyenne de la nasse de la Nouvelle‑Zélande est d’environ 5 mm, alors qu’elle peut atteindre 11 mm dans son pays d’origine.
Coloration
La membrane recouvrant la coquille de ce mollusque peut être gris clair ou brun foncé. La quille peut être ornée d’épines brunes.
Traits caractéristiques
La nasse de la Nouvelle‑Zélande est un escargot d’eau douce qui possède une coquille de forme allongée. L’hélice, formée de cinq à sept tours, s’enroule vers la droite. Chaque tour est séparé par une profonde fissure.
Le modèle morphologique de cette coquille est cependant très variable : elle sera plus allongée chez certains spécimens et plus ronde chez d’autres. De plus, elle peut être munie ou non d’une quille, bande convexe passant au centre de chaque tour de coquille.
Distinction
La classification des espèces du genre Potamopyrgus change constamment. Il y a encore aujourd’hui des controverses concernant l’identification de la nasse de la Nouvelle‑Zélande. Parmi les espèces similaires, P. pupoides et P. estuarinus, deux espèces ovipares vivant en eau saumâtre, ont été identifiées. Leur coquille ne possède aucun ornement.
Des espèces comme P. cresswelli et P. subterraneus ont récemment été distinguéesde la nasse de la Nouvelle‑Zélande. Il est très ardu de différencier les espèces d’escargots. Leurs caractéristiques spécifiques sont très difficiles à observer, c’est pourquoi il faut faire appel à un expert pour identifier un spécimen.
Répartition
La nasse de la Nouvelle‑Zélande est établie sur quatre continents.
En Amérique du Nord, des foyers de propagation ont été observés dans l’Ouest américain, dans la région de la rivière Snake et de celle du fleuve Columbia. À l’est, des populations se trouvent dans les lacs Supérieur, Michigan, Érié et Ontario, et en amont du fleuve Saint‑Laurent.
Le principal vecteur d’introduction de la nasse de la Nouvelle‑Zélande dans l’Ouest américain serait probablement les produits d’aquaculture commerciaux, comme les œufs de truites ou les poissons vivants. Dans la région des Grands Lacs, l’espèce aurait toutefois été introduite par les eaux de lest (ballast) des navires commerciaux.
Parmi les autres facteurs d’introduction, il y a :
- la libération volontaire;
- la dispersion naturelle (mouvements volontaires, dérive naturelle, inondations);
- la fixation à des organismes aquatiques ou terrestres et aux équipements de pêche récréative;
- le transport dans les voies gastro-intestinales de certains oiseaux ou poissons.
Présence au Québec
La nasse de la Nouvelle‑Zélande a été introduite dans plus de 30 pays sur quatre continents. Elle a été vue pour la première fois en Amérique du Nord en 1987 dans la rivière Snake, aux États‑Unis. Elle se serait par la suite propagée dans le fleuve Columbia où elle a été aperçue en 1996. Tous les États de l’Ouest américain, à l’exception du Nouveau‑Mexique, sont maintenant colonisés par la nasse de la Nouvelle‑Zélande.
En 1991, elle a été découverte dans le lac Ontario. Elle est maintenant établie dans une petite partie du fleuve Saint‑Laurent située en amont. Elle a été par la suite trouvée dans les lacs Érié, Supérieur et Michigan ainsi que dans des affluents du lac Ontario. Il est à noter que les conditions climatiques et la température enregistrées au lac Supérieur pourraient limiter l’établissement de la nasse de la Nouvelle‑Zélande. Toutefois, les changements climatiques devraient accroître le potentiel invasif de la nasse de la Nouvelle‑Zélande en augmentant la température des lacs et des rivières. En 2006, la nasse de la Nouvelle‑Zélande a été observée pour la première fois en Colombie‑Britannique.
Origine
Exotique
Statut de résidence des populations
Cette espèce est absente du Québec.
État de la situation
La nasse de la Nouvelle‑Zélande n’est pas présente au Québec.
Signalement
La nasse de la Nouvelle‑Zélande est une espèce envahissante. Sa présence dans un plan d’eau doit nous être signalée. Consultez la procédure pour savoir comment nous signaler la présence d’une espèce exotique envahissante animale.
Habitat
Dans son aire de répartition naturelle, la nasse de la Nouvelle‑Zélande est une espèce d’eau douce. Elle se trouve dans les rivières, les étangs, les marais, les ruisseaux et même dans les estuaires.
Dans les régions où elle a été introduite, elle occupe également ces habitats, en plus de fréquenter des milieux aquatiques artificiels comme les réservoirs, les canaux ou encore les bassins d’eaux minières.
La nasse de la Nouvelle‑Zélande est principalement une espèce littorale, mais peut aussi survivre à des profondeurs allant jusqu’à 25 m, comme les individus observés dans le lac Ontario.
Les principaux substrats utilisés par cette espèce envahissante sont l’argile, le sable fin, la boue, le béton, les cailloux et les grosses algues dont elle se nourrit. Durant une période de sécheresse, elle peut s’enfouir dans des substrats mous et ainsi limiter sa déshydratation.
La nasse de la Nouvelle‑Zélande possède une grande capacité à résister à de fortes variations environnementales. L’adulte peut proliférer à une salinité variant de 0,01 à 2,5 %. Cependant, sa survie, sa fécondité et sa résistance thermique sont optimisées lorsque la salinité est inférieure ou équivalente à 0,5 %. Par comparaison, la salinité de l’eau de mer est d’environ 4 %. Cette espèce peut tolérer des températures situées près de 0 °C et jusqu’à 31 °C, selon la concentration de l’eau en calcium et en sels. Elle ne survit pas en dessous de 0 °C.
Reproduction
La nasse de la Nouvelle‑Zélande comporte des individus mâles et femelles. Aucun individu ne possède les deux sexes. Dans son aire de répartition naturelle, la proportion de mâles peut atteindre les 30 %, mais elle ne dépasse habituellement pas 3 %. Dans les aires d’introduction, elle se reproduit majoritairement par parthénogenèse, soit la multiplication à partir d’un œuf non fécondé par un mâle. La femelle produit ainsi, au printemps ou à l’été, des œufs qui se développeront et écloront dans une poche incubatrice.
Une femelle dont la poche incubatrice est remplie d’œufs et de juvéniles représente un plus grand potentiel d’envahissement. Après environ trois mois de croissance, la femelle est mature et sa coquille a atteint une longueur de 2,75 mm à 3,50 mm.
Une portée compte de 20 à 120 juvéniles, et chaque femelle peut produire jusqu’à 230 rejetons par année. Il peut y avoir jusqu’à six générations par année. Cette grande fécondité peut provoquer une explosion de la taille de la population. Par exemple, lors de l’introduction de la nasse de la Nouvelle‑Zélande dans le lac Zurich, en Suisse, la population a atteint une densité de 800 000 individus par mètre carré en seulement 7 ans.
Prévention et contrôle de son introduction
La prévention est cruciale. La nasse de la Nouvelle‑Zélande peut devenir envahissante dans un plan d’eau où elle n’est pas présente naturellement. Certaines méthodes de prévention doivent être appliquées pour éviter son introduction en dehors de son aire de répartition naturelle.
Ne transportez pas de poissons vivants d’un plan d’eau à un autre. Le transport et l’ensemencement de poissons vivants nécessitent un permis délivré par le gouvernement.
Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour éliminer la nasse de la Nouvelle‑Zélande des embarcations et des équipements d’activités aquatiques. Par exemple, un séchage prolongé de 24 heures à 30 °C ou de 2 heures à 40 °C s’avère efficace pour l’éliminer. L’immersion d'un équipement dans de l’eau à 50 °C ou plus et la congélation sont aussi des méthodes valables. Le nettoyage de l’embarcation est aussi très important.
Dans les aires de répartition isolées comme les petits lacs, les étangs et les canaux d’irrigation, il est possible d’éradiquer la nasse de la Nouvelle‑Zélande à l’aide de méthodes physiques. Le drainage des eaux, qui permet d’assécher le substrat, s’avère efficace. Dans les écloseries, l’utilisation d’un lance‑flamme dans les canalisations préalablement vidées a aussi porté ses fruits.
Apprenez-en plus sur les facteurs d’introduction et les conséquences que les espèces envahissantes peuvent avoir.
Conséquences de son introduction
Les impacts négatifs engendrés par la présence de la nasse de la Nouvelle‑Zélande sont liés à sa grande fécondité. En Australie, des densités allant jusqu’à 50 000 escargots/m2 ont été observées. Aux États‑Unis, des densités records de 500 000 escargots/m2 ont été recensées.
Dans les zones où elle a été introduite, cette espèce se livre à une intense compétition pour le territoire et les ressources alimentaires avec les invertébrés indigènes.
Son succès invasif est assuré par sa fécondité élevée, sa reproduction par parthénogenèse, son faible taux de prédation et sa tolérance à des conditions environnementales variées (salinité, température).
La nasse de la Nouvelle‑Zélande peut représenter jusqu’à 97 % de la biomasse d’invertébrés dans un milieu d’introduction.
Dernière mise à jour : 13 mai 2024