Chronique du directeur du Laboratoire international associé Arts, société et mieux-être (LIA-ASME) de l’Université Laval (Québec) et de Université Nice-Côte d’Azur-Villa Arson, Thierry Belleguic, pour le Bulletin Science et enseignement supérieur de la Délégation générale du Québec à Paris.

Pour l’avant-dernière chronique de mon année d’étude et de recherche à l’Université Côte d’azur, j’ai choisi de vous parler d’un autre aspect du travail d’enseignant-chercheur, qui est celui de la mise à jour continue de l’enseignement. Il faut des années pour peaufiner un contenu et une approche, dans un dialogue constant avec les étudiants. Une AÉR constitue un moment précieux pour renouveler certains enseignements, en créer de nouveaux.

Pour ma part, je suis retourné à une très ancienne passion, celle de l’observation de la nature et du temps qu’il fait. À la fin des années 1990, j’avais consacré une partie de mon travail doctoral à la naissance de la météorologie au tournant des Lumières, à l’irruption du nuage moderne dans le paysage pictural, de Vernet à Constable et à l’extraordinaire Turner, à sa classification savante, toujours en usage aujourd’hui, par le pharmacien anglais Luke Howard, ainsi qu’au problème, insoluble alors et toujours complexe de nos jours, de la prévision du temps qu’il va faire. Dans le contexte du réchauffement climatique, de l’effondrement des écosystèmes à l’ère de l’anthropocène, les étudiants manifestent un intérêt croissant pour la question de notre rapport à l’environnement, si anxiogène pour eux.

J’ai donc passé toute l’année à lire, m’informer, et à composer, dans le champ qui est le mien, au croisement de la littérature, de l’esthétique et de l’histoire des sciences, une formule susceptible de les engager dans une expérience qui soit un peu plus qu’une occasion d’acquisition de connaissances. Est donc né ce projet d’un cours consacré à la poétique de l’environnement, offert aux trois cycles à l’Hiver 2025, avec la mise en œuvre d’un mentorat des étudiants de premier cycle par ceux des cycles supérieurs, avec un projet final qui fasse sortir le savoir des murs de l’université pour partir à la rencontre de la société civile, dans le cadre d’une soirée littéraire.

Pour mener à bien ce projet, je me suis associé l’expertise de chercheures et de chercheurs québécois sur les enjeux actuels de la transition socio-écologique. J’ai aussi invité des autrices et auteurs québécois dont l’œuvre résonne des préoccupations de notre temps sur notre devenir écologique : les poètes et romanciers Geneviève Boudreau (Une abeille suffit. Carnet d’observation d’un jardin urbain, Noroît, 2024), Virginie DeChamplain (Avant de brûler, La peuplade, 2024), Gabrielle Filteau-Chiba (trilogie L’appel de la nature, Encabanée, Sauvagines, Bivouac, XYZ, 2019-2022), Mireille Gagné (Le lièvre d’Amérique, Bois de fer, Frappabord, La peuplade, 2020-2024), Christian Guay-Poliquin (Les ombres filantes, La peuplade, 2021), Mathieu Simoneau (Il fait un temps de bête bridée, Par la peau des couleuvres, Des longueurs dans le crépuscule, Noroît, 2016-2023), qui nous feront le don précieux de classes de maître et d’ateliers d’écriture. Nous tiendrons un journal collectif de cette aventure.

Restez à l’écoute si cela vous intéresse.

À très bientôt pour la suite (et fin) de ma chronique.

Thierry Belleguic Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre., directeur du Laboratoire international associé Arts, société et mieux-être (LIA-ASME) de l’Université Laval (Québec) et de Université Nice-Côte d’Azur-Villa Arson.

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Dernière mise à jour : 23 avril 2024