Moule quagga

Illustration d’une moule quagga.
Une moule quagga. © Illustration de Louis L’Hérault

Nom français
Moule quagga

Nom anglais
Quagga mussel

Nom scientifique
Dreissena bugensis

Grand groupe
Invertébrés

Sous-groupe
Mollusques et crustacés

Description

La moule quagga est un petit bivalve d’eau douce envahissant qui ressemble à la moule zébrée. Elle s’attache au substrat dur (roches, quais, bois, etc.) grâce aux filaments qui se trouvent sur sa face ventrale. Elle peut aussi vivre sur des substrats meubles en se fixant sur les bivalves indigènes.

Identification

Taille

Sa taille adulte varie entre 1 et 4 cm de longueur.

Coloration

La moule quagga possède une coquille de couleur noire, crème ou blanche à brun pâle ou foncé unie. Cette dernière est plus souvent marquée de bandes ou d’anneaux concentriques foncés qui sont plus pâles près de la charnière.

Traits caractéristiques

La face ventrale de la moule quagga est arrondie, ce qui lui donne une forme ronde à triangulaire. Elle possède un groupe de filaments, appelé « byssus », sur la face ventrale.

Distinction

Le byssus de la moule quagga lui permet de se fixer sur une diversité de surfaces solides. Cette caractéristique la distingue des moules d’eau douce indigènes du Québec qui en sont dépourvues.

La moule quagga est très similaire à la moule zébrée, une autre espèce exotique envahissante qui est de la même famille et est originaire des mêmes régions. Toutefois, les deux faces de la moule quagga sont arrondies, tandis que la face ventrale de la moule zébrée est plane.

Espèce similaire

Moule zébrée

Répartition

La moule quagga est une espèce originaire du bassin de la région Ponto-Caspienne, qui s’étend de la mer Caspienne à la mer Noire. Elle est maintenant présente dans toute l’Europe, incluant le nord-est de la Russie et la presque totalité des pays d’Europe de l’Est et de l’Ouest, notamment en Allemagne.

En Amérique du Nord, l’espèce est aujourd’hui présente dans plusieurs cours d’eau intérieurs américains en Iowa, au Kentucky, au Michigan, au Minnesota, dans l’État de New York et en Ohio. La moule quagga se trouve aussi dans les Grands Lacs et le fleuve Saint-Laurent. Les populations les plus à l’ouest ont été découvertes en 2007 au Nevada, en Californie, en Arizona et au Colorado.

Au Québec, l’espèce est présente dans le fleuve Saint-Laurent seulement. Elle se trouve du lac Saint-François jusqu’en aval de la ville de Québec, où la salinité de l’eau devient trop élevée pour sa survie.

Présence au Québec

La moule quagga provient du bassin de la région Ponto-Caspienne. Cette espèce s’est dispersée à travers l’Europe, mais moins rapidement que la moule zébrée. En Amérique du Nord, elle a été introduite par l’eau des ballasts des navires transocéaniques en provenance d’Europe. La première mention de la moule quagga remonte à 1989 au lac Érié, bien que la distinction de cette espèce avec la moule zébrée n’ait été reconnue qu’en 1991. La moule quagga est dominante dans les Grands Lacs, notamment le lac Michigan.

Origine

Exotique

Statut de résidence des populations

Cette espèce vit au Québec toute l’année.

État de la situation

La moule quagga est connue pour être présente au Québec depuis des décennies dans le fleuve Saint-Laurent. Pour l’instant, elle n’a jamais été trouvée à l’extérieur du fleuve, contrairement à la moule zébrée qui a commencé à se propager vers les eaux intérieures. La moule quagga est un compétiteur de la moule zébrée et nécessite de grandes concentrations de calcium dissout pour assurer sa survie et sa reproduction.

L’expansion de la moule zébrée au Québec est préoccupante, parce que la moule quagga pourrait la suivre. Elles pourraient être transportées par les mêmes voies d’introduction, involontairement, par les navires, les plaisanciers et les pêcheurs.

Plusieurs plans d’eau propices à cette espèce sont situés sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, de l’Estrie jusqu’en Gaspésie. Plusieurs plans d’eau de ces régions ont les conditions propices à la survie et à l’établissement de l’espèce. Ils possèdent de grandes concentrations de calcium qui est une composante essentielle pour sa survie et sa reproduction. Il est primordial d’être vigilants et de prendre les précautions nécessaires pour éviter sa propagation dans d’autres plans d’eau.

Suivi

Plusieurs protocoles sont utilisés pour assurer la détection et le suivi des espèces aquatiques envahissantes dans les cours d’eau du Québec. Ces protocoles incluent la collecte d’ADN environnemental ou des pêches particulières selon le type d’espèce ciblée. La vigilance des citoyens et des pêcheurs commerciaux est également importante pour le suivi de cette espèce.

Signalement

La moule quagga est une espèce envahissante et sa présence dans un plan d’eau doit nous être signalée. Consultez la procédure pour savoir comment nous signaler la présence d’une espèce exotique envahissante animale.

Habitat

La moule quagga fréquente un habitat semblable à celui de la moule zébrée, mais elle peut vivre dans des eaux plus froides et plus profondes (généralement entre 10 et 30 m). Les moules quagga sont capables de coloniser les grandes profondeurs, soit jusqu’à 100 m. Elles s’attachent alors les unes contre les autres, s’étendant ainsi horizontalement sur le fond vaseux et couvrant parfois une bonne partie du fond du lac. Comme la moule zébrée, elle se fixe aussi sur les surfaces solides.

La moule quagga a tendance à dominer la moule zébrée dans les lacs, mais pas dans les ruisseaux et les rivières. Depuis quelques années, des observations ont démontré que la moule quagga a détrôné la moule zébrée dans le lac Michigan.

Alimentation

La moule quagga s’alimente par filtration. Elle est très efficace pour filtrer la matière en suspension dans la colonne d’eau. Elle se nourrit de phytoplancton, de zooplancton, de matière organique dissoute et de bactéries.

Reproduction

La moule quagga atteint la maturité sexuelle en quelques mois. Les individus ne peuvent produire qu’un seul type de cellules reproductrices (gamètes) mâles ou femelles et la fertilisation est externe.

Les femelles adultes sont très fécondes, ce qui explique l’efficacité avec laquelle la moule quagga se propage. Elles peuvent pondre de 30 000 à 1 000 000 d’œufs par année. Lors de l’éclosion, les larves, appelées véligères, se trouvent en suspension dans l’eau pendant 15 à 30 jours selon la température et la productivité planctonique estivales. Elles peuvent être facilement transportées par les courants sur de longues distances. Des températures minimales de 10 °C sont nécessaires pour la reproduction.

Prévention et contrôle de son introduction

La prévention est cruciale. Une fois l’espèce établie dans un plan d’eau, son éradication est presque impossible. Des interventions de contrôle périodique sont souvent alors nécessaires pour en minimiser les conséquences. Des actions doivent être prises, notamment pour limiter les dommages causés par l’encrassement des prises d’eau potable ou d’infrastructures, tels les quais et les barrages.

Vous pouvez contribuer à prévenir l’introduction et la dispersion de cette espèce envahissante en pratiquant les activités de pêche et de loisir de façon responsable. En tout temps, vous devez adopter des méthodes de prévention lorsque vous changez de plan d’eau afin d’éviter leur propagation.

Bien que les larves peuvent se déplacer naturellement avec les courants d’eau, les humains sont en grande partie responsables de la propagation de la moule quagga. Comme les larves sont invisibles à l’œil nu, elles peuvent facilement se trouver dans l’eau des viviers, dans l’eau qui reste dans la cale du bateau et dans les ballasts. Elles peuvent être transportées de façon involontaire par les adeptes de navigation et de pêche. C’est pourquoi il est important de bien drainer tous les compartiments des embarcations.

Les moules adultes peuvent aussi se propager d’un plan d’eau à l’autre en se fixant sur les embarcations, les remorques à bateaux ou sur tout autre véhicule ou objet immergé. Elles peuvent s’accrocher aux plantes aquatiques. Les débris et fragments de plantes entremêlées doivent être complètement enlevés d’une embarcation. Cette opération doit être effectuée lors de la sortie de l’eau, avant l’entrée de l’embarcation dans un nouveau plan d’eau.

Les mesures de gestion des moules entraînent souvent des répercussions importantes sur les autres espèces de l’écosystème. Il est donc important de bien évaluer l’état de la population et les éléments sensibles du milieu avant d’entreprendre des actions de contrôle. La gestion des moules doit se faire de façon appropriée. C’est pourquoi ces activités doivent être encadrées par le gouvernement. Communiquez avec votre bureau régional de la gestion de la faune pour en savoir davantage sur les permis nécessaires.

Conséquences de son introduction

Les conséquences environnementales et économiques associées à la moule quagga sont similaires à celles de la moule zébrée.

En grande densité, son activité de filtration contribue à la diminution du phytoplancton, ce qui peut entrainer une cascade d’effets négatifs sur la chaîne alimentaire et l’alimentation des poissons. Elle peut aussi compromettre la survie des œufs de poissons dans les zones de fraie et causer la mort des moules indigènes.

Elle provoque l’encrassement des quais, des barrages, des infrastructures fixes et des prises d’eau. L’accumulation de coquilles coupantes sur les berges peut nuire à la qualité des plages en blessant les baigneurs.

THERRIAULT, T. W., A. M. WEISE, S. N. HIGGINS, Y. GUO et J. DUHAIME (2013). Risk assessment for three dreissenid mussels (Dreissena polymorpha, Dreissena rostriformis bugensis, and Mytilopsis leucophaeata) in Canadian freshwater ecosystems. Canadian Science Advisory Secretariat.

Dernière mise à jour : 23 avril 2024

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