Croix de courage

• Lieutenant François Rabouin
• Pompier Robin Brunet-Paiement
• Pompier Michael Maillé

Le 17 octobre 2021, le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) répond à un appel du 911. Un bateau de plaisance en panne est à la dérive vers les rapides du canal Lachine avec deux personnes à bord. Ce secteur est reconnu comme l’un des plus dangereux pour la navigation à Montréal.

Le lieutenant François Rabouin et ses trois collègues, les pompiers Robin Brunet-Paiement, Michael Maillé et Pierre Lacroix, se hâtent. Leur objectif est de rejoindre l’embarcation pour l’amarrer et l’éloigner des rapides à proximité. La manœuvre est risquée compte tenu du temps dont ils disposent, des vagues importantes qui roulent sur les eaux et de la force du courant. Une fois les deux embarcations nez à nez, le pompier Pierre Lacroix lutte de tout son corps pour les maintenir ensemble tandis que Michael Maillé tente de les attacher au moyen d’une corde et que François Rabouin assure le commandement et les communications.

Comme le bateau des citoyens tangue dangereusement vers les rapides, le pompier Robin Brunet-Paiement manœuvre pour le tracter. En raison du fort courant, l’embarcation du SIM chavire en plongeant les pompiers dans les remous. Les sauveteurs Michael Maillé, François Rabouin et Robin Brunet-Paiement parviennent tant bien que mal à se dégager de l’emprise des rapides avant d’être finalement hissés à bord d’autres embarcations.

Malheureusement, Pierre Lacroix connaît ce jour-là un destin tragique. Après une opération d’envergure déclenchée pour le retrouver, en collaboration avec des équipes de plusieurs services de sécurité incendie, du Service de police de la Ville de Montréal, de la Sûreté du Québec et de l’armée canadienne, son corps est ramené sur la terre ferme le lendemain matin. Les quatre sauveteurs ont fait preuve de dépassement de soi, de ténacité, d’altruisme et d’un courage inébranlable.

Pierre Lacroix, valeureux pompier cumulant plus de 20 ans d’expérience, s’est donné corps et âme jusqu’à y laisser sa vie. Une Médaille du sacrifice lui est décernée à titre posthume et souligne son dévouement remarquable.

Quant au lieutenant François Rabouin et à ses collègues Robin Brunet-Paiement et Michael­ Maillé, ils se voient honorés d’une Croix du courage.

• ​Pompier Étienne Marchand

Le soir du 23 janvier 2011, le Service de sécurité incendie de la Ville de Saint-Eustache reçoit un appel pour un incendie qui a pris naissance dans le garage attenant à une résidence. À son arrivée sur les lieux, le pompier Étienne Marchand apprend que deux confrères sont coincés à l’intérieur, désorientés et sans contact avec leur jet armé.

La chaleur augmente rapidement. Devant la porte du garage, le pompier Étienne Marchand constate que de la fumée noire descend jusqu’à 2 pieds du sol, ce qui signifie qu’un embrasement généralisé est imminent. Il demande aussitôt à un collègue de l’accompagner, mais ce dernier est bloqué à la porte par la fumée et la chaleur intense.

Tout en respectant les procédures d’opération, Étienne Marchand s’aventure seul, en suivant la lance laissée au sol par les pompiers en détresse et en se munissant d’un autre jet armé. La visibilité est nulle; il avance difficilement dans l’obscurité la plus totale. Il entend cogner, se laisse guider par les appels à l’aide et parvient à trouver un premier pompier, qu’il agrippe et guide vers la sortie. Mais il reste une autre personne à sauver. Il replonge alors sans tarder dans cette chaleur suffocante, se fraye un chemin en rampant et touche la botte du second pompier. Il l’escorte vers la porte tant bien que mal, jusqu’au moment où l’embrasement généralisé éclate. Dans un ultime effort, il empoigne son collègue et le précipite hors du brasier.

Tous deux voient le feu s’attaquer à certaines parties de leur habit de protection, mais sont immédiatement accueillis par les jets d’eau de leurs collègues. Des brûlures légères ont atteint le cou d’Étienne Marchand. Le souvenir de cette intervention, quant à lui, restera gravé au sein de cette équipe : sauvetage accompli, mais le drame aurait pu survenir; c’était une question de secondes.

Le pompier Étienne Marchand est intervenu de façon héroïque dans l’incendie d’une résidence d’une ampleur telle qu’elle risquait l’embrasement généralisé. Grâce à sa rapidité et à son courage exceptionnel, Étienne Marchand a sauvé la vie de deux collègues. Il a repoussé les limites de ses capacités, et pour toutes ces raisons, on lui confère une Croix de courage.