Effets des stéréotypes sur la santé

Les stéréotypes sexuels et sexistes, en attribuant des rôles et des comportements spécifiques aux femmes et aux hommes, peuvent créer des barrières invisibles qui ont un impact sur la santé, particulièrement sur la santé des femmes.

Les stéréotypes peuvent engendrer des conséquences négatives en termes de santé mentale et physique et d'estime de soi. De plus, ces stéréotypes compromettent l'accès aux soins de santé et influencent les choix de vie, notamment en matière de santé reproductive et sexuelle. Certains effets ne se limitent pas seulement aux femmes, ils peuvent toucher aussi les hommes.

En reconnaissant et en contrant les stéréotypes dès le plus jeune âge, nous pouvons créer un avenir plus juste et égalitaire pour toutes et tous. Consultez la page Définition des stéréotypes pour plus d’information sur les stéréotypes sexuels et sexistes.

Les stéréotypes peuvent entraîner des disparités dans l'accès aux soins de santé. De plus, les croyances sur les rôles sociaux de genre peuvent nous amener à sous-estimer les besoins médicaux des femmes ou les reléguer à des problèmes de moindre importance. Les symptômes de douleur peuvent être minimisés ou attribués à des causes émotionnelles plutôt que physiques. Cette sous-estimation peut retarder ou fausser les diagnostics et les traitements appropriés, impactant ainsi la santé à long terme.

Par exemple, la douleur intense dans la poitrine, le bras gauche et la mâchoire est un ensemble de symptômes typiques d’une crise cardiaque chez les hommes. Près de la moitié des femmes qui subissent une crise cardiaque ne ressentent pas ces mêmes symptômes. Elles risquent notamment de ressentir des nausées ou de l’essoufflement. Cela contribue au fait que les maladies cardiaques sont en moyenne diagnostiquées 7 à 10 ans plus tard et qu’elles sont plus mortelles chez les femmes.

Historiquement, les études sur la santé se sont largement concentrées sur les hommes plutôt que sur les femmes. Résultat, les médicaments ont tendance à être moins efficaces pour les femmes ou donner lieu à plus d’effets secondaires chez elles. Cela s’explique en raison des différences biologiques et hormonales qui ne sont pas toujours prises en compte dans ces études.

Cette sous-représentation des femmes dans les études sur la santé est due en partie à la croyance que les changements hormonaux liés au cycle menstruel rendent les résultats des tests plus complexes et au fait que ceux-ci pourraient compromettre le développement d’une grossesse insoupçonnée. S’il est vrai que les différences biologiques peuvent avoir un impact sur la manière dont le corps métabolise les médicaments, il faut justement profiter des essais cliniques pour le découvrir et s’assurer que les médicaments sont aussi sécuritaires et efficaces pour les femmes que pour les hommes.

Du côté des hommes, il existe également des impacts sur la santé liés aux stéréotypes associés à leur genre. Dès l’enfance, les garçons sont moins encouragés à nommer et à exprimer leurs émotions. Par exemple, les gens ont plus tendance à interroger une jeune fille si elle ne semble pas aller bien, mais sont moins à l’aise d’interroger un jeune garçon sur ses sentiments. À l’âge adulte, cela peut se traduire par une difficulté plus marquée pour les hommes à identifier, à décrire leurs émotions et leurs symptômes et à demander de l’aide ou des soins. En effet, même si les hommes sont aussi touchés par des problèmes de santé physique et psychologique, ils sont moins nombreux à consulter.

Les stéréotypes influencent souvent la perception que nous avons de notre corps. Les standards irréalistes de beauté véhiculés par les médias et la société peuvent générer des sentiments de honte et d'insatisfaction corporelle. Nous pouvons ressentir une pression pour correspondre à ces idéaux, en compromettant le développement d'une relation saine avec notre corps.

Les stéréotypes liés à l'apparence physique et au corps idéal peuvent contribuer au développement de troubles alimentaires, majoritairement chez les femmes. Des études ont montré que les stéréotypes véhiculés à propos du poids et de la beauté peuvent influencer la perception du corps et conduire à des comportements malsains. Par exemple, certaines personnes peuvent avoir recours à des moyens pour modifier leur corps afin qu’il corresponde aux critères de la société. Cela se traduit notamment par l’utilisation d’interventions esthétiques ou par le recours aux diètes liées à la perte de poids, particulièrement chez les femmes.

En effet, selon une enquête  de l'Institut de la statistique du Québec :

• Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à considérer qu’elles ont un excès de poids (46 % c. 38 %);
• Les femmes sont également plus nombreuses que les hommes à être très insatisfaites (9 % c. 4,4 %) et plutôt insatisfaites de leur poids (27 % c. 19 %);
• Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à avoir essayé de perdre du poids (29 % c. 19 %) ou de maintenir leur poids (28 % c. 25 %).
• De plus, selon des données internationales de 2022, les femmes sont plus nombreuses à avoir recours à la chirurgie esthétique, elles représentent 86,2 % du nombre total des personnes ayant subi une intervention.

En termes d’image corporelle, l'éducation, la sensibilisation et la promotion de modèles de corps diversifiés sont des moyens importants pour changer les perceptions et les attentes. Pour en apprendre plus sur l’effet des stéréotypes sur l’image corporelle, visitez la page Image corporelle.

Les stéréotypes liés à la santé reproductive des femmes entraînent des répercussions sur les choix qu’elles font concernant leur corps et leur sexualité. Ces préjugés peuvent avoir un impact notamment en ce qui concerne le respect de leur liberté décisionnelle en matière d'avortement, de contraception ou de stérilisation, par exemple. De la même façon, les stéréotypes sur la maternité peuvent influencer la prise de décision des femmes concernant leur désir d'avoir des enfants ou non. La pression sociale pour devenir mère peut les pousser à poursuivre une grossesse, même si elles ne sont pas prêtes ou ne le souhaitent pas. De plus, la stigmatisation des mères célibataires ou de celles qui font des choix différents de la norme en matière de maternité peut affecter leur santé et leur bien-être.

Ces stéréotypes affectent la santé reproductive globale des femmes et peuvent avoir des conséquences durables sur leur santé physique et mentale.

Pour surmonter ces défis, il est crucial d’offrir une éducation à la sexualité  dès le plus jeune âge afin de lutter contre ces stéréotypes et de garantir l'accès à des soins de santé reproductive de qualité, respectueux et inclusifs.

Le cycle hormonal des femmes fait aussi l’objet de préjugés et de stéréotypes. De nombreux tabous persistent quant aux règles et à la ménopause, ce qui peut empêcher les femmes d’en discuter ouvertement. La douleur et les inconvénients liés à ces deux phénomènes sont souvent banalisés.

Par ailleurs, les émotions comme la colère ou la tristesse peuvent être attribuées à leur cycle menstruel ou à leurs hormones, ce qui a parfois pour effet de décrédibiliser leur parole.

D’autres mythes présentent les menstruations comme étant sales et devant être cachées. Cette perception négative peut engendrer un sentiment de honte qui affecte la relation que nous entretenons avec notre corps et avec les autres.

Il est donc important de continuer à éduquer, à sensibiliser et à déconstruire les préjugés pour toutes les personnes concernées.

Encourager une prise de conscience précoce des stéréotypes et de leur impact sur la santé, permet de favoriser des choix de vie plus éclairés et égalitaires pour les générations futures. Voici quelques façons d’y parvenir :

Exposez les jeunes à une diversité de modèles de rôles en matière de santé et de bien-être, pour les aider à comprendre que la santé n'est pas limitée par les normes de beauté.

• Apprenez aux jeunes à analyser les images médiatiques liées à la santé, pour qu'ils puissent reconnaître et remettre en question les stéréotypes nocifs.
• Promouvez une image corporelle positive en encourageant les jeunes à s'accepter tels qu'ils sont et en remettant en question les idéaux de beauté irréalistes.
• Proposez une éducation inclusive à la santé sexuelle et reproductive qui tienne compte de la diversité sexuelle et de genres pour favoriser la prise de décision éclairée.

Pour d’autres outils liés aux stéréotypes, consultez la Boîte à outils SansStéréotypes.