Définition des stéréotypes

Les stéréotypes sont des caractéristiques que la société attribue à un groupe de personnes pour les classer instinctivement, par exemple selon leur âge, leur poids, leur métier, leur couleur de peau ou leur sexe. Lorsque les filles et les garçons sont associés à deux univers séparés, on parle de stéréotypes sexuels. 

Tout le monde entretient des stéréotypes, car c’est la méthode utilisée par le cerveau pour trier l’information. En effet, les stéréotypes sont des « raccourcis » empruntés inconsciemment pour aider les gens à prendre des décisions plus facilement et plus rapidement, d’où la tendance à y adhérer sans réfléchir.
 
En fait, les stéréotypes sont des idées toutes faites et des images caricaturales qui influencent négativement notre façon de percevoir les gens, d’interagir avec eux et de les traiter. Autrement dit, ils imposent des limites à la personne qu’ils visent, l’enferment dans un rôle qui ne lui convient pas nécessairement et l’empêchent d’être qui elle est réellement.

Développement de l’identité

L’enfant apprend en observant et en imitant ce qui l’entoure. La famille, les proches, les amis, les jeux et jouets, l’école, les médias et la société influencent donc son développement.  

La période durant laquelle l’enfant apprend à assimiler les valeurs et les normes, à vivre en société et à acquérir des connaissances s’appelle la socialisation. Cette étape est déterminante pour lui, et pour son avenir, puisqu'il y construit son identité. 

Les trois milieux de vie importants pour son développement sont 

  • le milieu familial; 
  • la garderie; 
  • l’école.  

Par exemple, c’est à la garderie que l’enfant développe son rapport à l'espace, à son propre corps et aux objets. Il y crée des liens sociaux et affectifs avec les autres enfants et les adultes. Les éducatrices et éducateurs à la petite enfance jouent ainsi un rôle central dans le développement social de l’enfant, puisqu’ils lui enseignent le savoir-être et le savoir-faire, en plus de fixer les règles de vie. 

Éducation différente selon le sexe

Lorsque les filles et les garçons sont éduqués différemment, le risque qu’ils ne se développent pas de la même manière est plus grand. En effet, avant même la naissance, plusieurs parents accordent beaucoup d’importance au sexe de leur enfant. Ils s'attendent à des caractéristiques spécifiques selon le genre du bébé, ce qui oriente leurs propres comportements avec elle ou lui. 

De plus, les activités et les jeux proposés sont souvent différents pour les filles et les garçons. Par exemple, on encourage davantage les filles à choisir des activités artistiques, comme la musique, alors que les garçons sont plutôt dirigés vers le sport.  

Ce phénomène s’appelle la socialisation différenciée, c’est-à-dire la tendance à agir différemment selon le sexe de la personne. Elle catégorise les enfants en « filles » ou « garçons », plutôt qu’en simples « enfants ».  

D’où viennent ces comportements? Ils sont le résultat de stéréotypes sexuels qui sont bien enracinés dans notre culture. En effet, des rôles sociaux stéréotypés continuent de se transmettre de génération en génération par cette socialisation différenciée, notamment ceux liés aux rôles traditionnels de la « mère au foyer » et du « père pourvoyeur ». La plupart du temps, les adultes n’en sont pas conscients quand ils éduquent les enfants.

Exemples de stéréotypes

Voici plusieurs exemples de stéréotypes pour vous aider à en prendre conscience au quotidien et à les éviter.

Comparaison des stéréotypes liés aux filles et aux garçons

FillesGarçons
Les filles sont plus dociles et cherchent à plaire.Les garçons écoutent moins les consignes et sont moins attentifs.
Les filles vont parfois bouder plus longtemps et pour rien.Les conflits sont plus facilement réglés avec les garçons; c'est moins dramatique.
Les filles aiment seulement les jeux de rôles, les poupées et le soin des plus petits.Les garçons s'intéressent seulement aux jeux moteurs et de construction.
Une fille peut bricoler et jouer à l'éducatrice toute la journée.Il est difficile pour les garçons de rester à l'intérieur toute la journée quand il pleut.
Les filles sont plus calmes et patientes.Les garçons prennent plus de place et bougent tout le temps.
Les filles sont plus persévérantes.Les garçons veulent tout comprendre et sont créatifs.
Les filles sont plus manipulatrices. Elles jouent sur les sentiments. Elles sont plus orgueilleuses que les garçons.Les échanges entre garçons sont plus directs et violents.
Les filles sont plus fragiles.Les garçons ne pleurent pas.
Les filles sont intéressées par la mode, les arts et les garçons.Les garçons aiment les jeux vidéo et le sport.
Les filles sont plus perfectionnistes et meilleures pour faire le ménage.Les garçons sont plus désordonnés et s’appliquent moins dans les tâches ménagères.
Les filles sont bonnes en français.Les garçons sont bons en mathématiques.
Les filles sont meilleures à l’école.L’école n’est pas faite pour les garçons.

Selon une recherche menée dans 30 pays, des adjectifs « typiques » ont été associés aux femmes et aux hommes : les femmes sont principalement qualifiées de sentimentales, soumises et superstitieuses, et les hommes, de forts, dominants, énergiques, indépendants et aventureux. 

Même si les comportements ci-dessous semblent normaux, ils proviennent bel et bien de notre cerveau qui catégorise inconsciemment les personnes en fonction de leur sexe sous l’influence des stéréotypes. 

Comparaison des comportements des adultes avec les filles et les garçons

FillesGarçons
Dès la naissance, les gens font des remarques sur la beauté du bébé.Dès la naissance, les gens font des remarques sur l’énergie et la force du bébé.
Les gens sont plus doux avec une fille et l'accueillent souvent en commentant son apparence physique ou son habillement.Les gens sont plus énergiques avec un garçon et l'accueillent souvent en le lançant dans les airs ou de toute autre manière dynamique.
Les aires de jeux sont parfois divisées de façon à ce que d'un côté, les filles aient accès aux poupées et à tous les jeux de rôles (ex : cuisinière).Les aires de jeux sont parfois divisées de façon à ce que de l’autre côté, les garçons ont accès aux jeux moteurs (ex : petites voitures) et de construction.
Les filles reçoivent plutôt des jouets liés à l'apparence.Les garçons reçoivent plutôt des jouets éducatifs qui encouragent l’action.
Les gens ont plus tendance à interroger une jeune fille si elle ne semble pas aller bien.Les gens évitent de rendre un jeune garçon mal à l'aise en l'interrogeant sur ses sentiments.
Les gens acceptent plus facilement que les filles aient des activités et des habiletés jugées masculines.Les garçons sont plus souvent découragés de s'intéresser à des activités jugées féminines.
La publicité propage des représentations tournées vers le paraître et l'hypersexualisation (image de Barbie).La publicité incite les garçons à l'action, à l'aventure et au dépassement de soi (image du héros).

Transmission des stéréotypes

Lorsqu'un enfant adopte un nouveau comportement, son entourage peut soit l’encourager, soit y réagir négativement. Par exemple, si un garçon reçoit une réponse positive de son entourage chaque fois qu'il botte un ballon, il aura tendance à le refaire. Si, au contraire, il sent que les adultes autour de lui sont mal à l’aise lorsqu’il joue avec des poupées, il évitera probablement de le refaire.  

Très jeune, l’enfant adopte ainsi des conduites selon son sexe, car des stéréotypes lui ont été transmis involontairement par ses parents ou par son environnement humain ou matériel, comme les autres adultes, les milieux de vie, les livres, les jouets et les médias.  

En effet, les médias exercent une grande influence sur la façon de se comporter, notamment par rapport à l’apparence physique. Les enfants et les jeunes, en pleine construction de leur identité, y sont particulièrement sensibles. Le problème survient lorsque les publicités utilisent des stéréotypes ou des images qui hypersexualisent les filles et les garçons pour faire passer des messages. Consultez la page Effets de l’hypersexualisation pour plus d’informations.  

Les livres et les jouets, quant à eux, présentent généralement aux filles les rôles liés aux responsabilités familiales et à l'apparence, et aux garçons, ceux liés à la conquête, à l'exploration et au travail professionnel. Par un simple choix des jouets, les parents dirigent ainsi les filles, sans même le vouloir, vers les tâches ménagères, le rangement et le soin des autres, alors que les garçons sont encouragés à se dépasser et à prendre de la place. 

À l’école, une fille peut sentir, plus qu'un garçon, que la tâche de nettoyer après un laboratoire lui revient, même si l'enseignante ou l’enseignant n'a pas donné de directive à cet effet. Autrement dit, elle ou il a déjà acquis inconsciemment d’assumer certaines responsabilités, comme si le sexe était associé à une compétence. 

Conséquences sur le développement

Les stéréotypes sont partout, et par le fait même, ont des conséquences sur plusieurs aspects de la vie de l’enfant 

  • la réussite scolaire; 
  • le choix de métier ou de profession; 
  • l’attitude face au partage des responsabilités familiales; 
  • la vie affective et amoureuse; 
  • l’image corporelle; 
  • l’expression de l’identité. 

Dans l’ensemble, les stéréotypes ont donc des effets indésirables sur le développement de sa personnalité et ses choix d’activités, tout comme sur ses choix de mode de vie et de carrière. 

Conseils pour lutter contre les stéréotypes

Comme adulte, vous pouvez poser des gestes simples pour éduquer les enfants et les jeunes de la même manière, sans égard à leur sexe. Rappelez-vous que vous êtes un modèle pour eux et qu’ils vous imitent : si une femme effectue toujours les mêmes tâches ménagères, ils auront tendance à croire que ce ne sont que les femmes qui en sont responsables.   

Il est important de partager les tâches équitablement entre les enfants. Ces derniers ne devraient pas toujours réaliser les tâches typiquement accolées à leur sexe, comme prendre soin des plus petits pour les filles et déplacer des boîtes pour les garçons. Assurez-vous de respecter la façon dont un membre de la famille accomplit ses tâches (même si sa méthode ne correspond pas à la vôtre). 

Dans le même ordre d’idées, proposez aux filles et aux garçons des activités, des expériences, des lectures et des jouets variés, incluant ceux attribués traditionnellement à l’autre sexe. De cette façon, vous leur permettez de développer toutes leurs compétences et aptitudes. Par exemple, une fille ne développera jamais d’habiletés sportives si son entourage la dirige davantage vers des activités calmes ou artistiques, tout comme un garçon n’arrivera pas à exprimer ses émotions s’il se fait toujours dire qu’il doit être fort et courageux. 

Par ailleurs, offrir une éducation sans stéréotypes ne signifie pas retirer tous les jouets « de filles » et « de gars », comme une poupée ou un camion de pompier. Au contraire, c’est plutôt encourager activement les enfants à faire des choix qui sont habituellement associés à l’autre sexe.   

Ensuite, soutenez les enfants dans leurs aspirations scolaires, professionnelles et sociales, pour qu’ils sachent que tout est permis et possible, tant pour les filles que pour les garçons. Présentez-leur des modèles variés de travailleuses et de travailleurs, par exemple une camionneuse, un infirmier, une mécanicienne, un secrétaire, etc. Encouragez-les à choisir un métier non traditionnel en fonction de leurs propres intérêts et non des stéréotypes sexuels.   

Privilégiez aussi des lectures qui présentent des personnages diversifiés aux comportements non conformistes. En parallèle, montrez aux enfants (4-5 ans) certains livres qui véhiculent des stéréotypes sexuels pour affiner leur esprit critique. 

Finalement, n’hésitez pas à intervenir lorsque vous êtes témoins de situations ou de commentaires stéréotypés et sexistes. Par exemple, ne restez pas indifférent si un enfant dit : « Le balai, c'est pour les filles ». Abordez plutôt le sujet avec lui pour alimenter sa réflexion :  

  • Est-ce que toutes les filles sont intéressées par ceci?  
  • Crois-tu que tous les garçons sont comme ça?  
  • Pourquoi les filles font-elles plus souvent les tâches ménagères? 

Consultez la boîte à outils pour obtenir des outils plus concrets, comme des activités pédagogiques à réaliser en classe.  

Conséquences sur l’égalité

Au Québec, il existe encore des inégalités entre les femmes et les hommes. Bien que les femmes et les hommes aient aujourd’hui les mêmes droits, dans les faits, les femmes 

  • demeurent moins bien rémunérées à travail égal; 
  • représentent la grande majorité des victimes de violence conjugale; 
  • occupent moins souvent les postes de pouvoir en politique et dans le secteur de l’emploi; 
  • sont confinées dans un nombre plus restreint de métiers et de professions; 
  • subissent davantage de pression quant à leur apparence physique; 
  • consacrent plus de temps aux responsabilités familiales. 

Ces inégalités persistent en raison de stéréotypes qui imposent des responsabilités et des rôles différents selon le sexe. Par exemple, les femmes se voient souvent attribuer les tâches liées au ménage et aux soins des enfants, entre autres 

  • cuisiner; 
  • faire le lavage; 
  • amener les enfants aux rendez-vous médicaux; 
  • magasiner les vêtements; 
  • faire les devoirs; 
  • gérer les activités et l’agenda familial. 

Selon l’Institut de la statistique du Québec, en 2015, les femmes consacraient 1 heure de plus par jour que les hommes au travail non rémunéré (ex : assumer les tâches domestiques, les commissions ou les lunchs et repas).  

En 2019, le nombre d'heures d'absence au travail en raison d’obligations personnelles ou familiales était quatre fois plus élevé chez les femmes.  

Même au travail, les tâches sont réparties de façon stéréotypée entre les membres du personnel. Par exemple, on a tendance à croire que les femmes sont plus douées pour gérer les situations délicates entre collègues, ou encore qu’elles sont meilleures pour prendre des notes. 

Chez les hommes, l’image caricaturale du « professionnel pourvoyeur » qui gagne de l’argent pour sa famille est tenace, tout comme les rôles de pouvoir en politique et en gestion. À la maison, des tâches ponctuelles leur sont attribuées, comme la tonte de la pelouse et le pelletage. Les hommes jouent donc leur rôle social surtout à l'extérieur du milieu familial, contrairement aux femmes. 

Le partage inéquitable des responsabilités peut entraîner de lourdes conséquences, surtout chez les femmes : stress, épuisement, problèmes de santé, importante charge mentale, etc. Elles ont souvent l'impression de vivre une double journée de travail. 

À long terme, cette réalité se traduit aussi par un écart de revenus entre les femmes et les hommes. Étant donné que ce sont plus souvent les femmes qui s’absentent pour des raisons personnelles ou familiales, elles travaillent un nombre d'heures rémunérées inférieur à celui des hommes. Les possibilités d'avancement professionnel peuvent être limitées, et les revenus à la retraite, moindres. 

Il faut enseigner aux enfants que les tâches n'ont pas de sexe pour qu’ils répartissent mieux les tâches non rémunérées à l’âge adulte et ultimement, pour atteindre l’égalité. 

Pour plus de détails sur l’égalité des sexes au Québec, consultez la page Égalité entre les femmes et les hommes.

Vous pouvez consulter les appels de projet en matière d'égalité entre les femmes et les hommes.

Dernière mise à jour : 30 août 2023

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