Effets de l'hypersexualisation

Définition de l’hypersexualisation

L’hypersexualisation, ou la sexualisation de l’espace public, est le phénomène par lequel les médias donnent un caractère sexuel à un produit ou à un comportement qui n'a rien de sexuel. Il se manifeste dans les magazines, les vidéoclips, les films, l'industrie de la mode et surtout dans la publicité. En effet, pour vendre un produit, la publicité peut 

  • banaliser la sexualité; 
  • se servir de stéréotypes sexuels;  
  • utiliser le corps féminin. 

Des campagnes publicitaires ont même recours au « porno-chic », une tendance qui consiste à reproduire des images pornographiques pour augmenter les ventes. Le « porno-chic » place les femmes dans des situations de soumission, tandis qu’il valorise la domination et la performance masculines. Montrer en gros plan les jambes, les seins et les cuisses renforce l'idée que les femmes sont des objets sexuels et non des êtres humains à part entière. 

De façon générale, cette tendance augmente la tolérance d’une certaine forme de violence envers les femmes, ce qui pourrait même accroître les risques d’agression sexuelle. Il va sans dire que le phénomène nuit fortement à l’atteinte de l’égalité entre les femmes et les hommes.  

La sexualisation de l’espace public habitue la population à des représentations stéréotypées et irréalistes des femmes. La séduction et la recherche d’attention résument souvent le rôle qui leur est attribué. Elles sont aussi soumises à une forte pression pour être sexuellement actives et attirantes.  

De plus, le phénomène façonne une norme socioculturelle de la beauté : 

  • La femme est blanche, mince, avec des lèvres pulpeuses, des cheveux longs et une poitrine généreuse. 
  • L'homme personnifie la force, l'énergie et la domination. Il impressionne par son indépendance et son goût de l'aventure. Il a les pectoraux musclés, les épaules larges et le visage impassible.  

Pourtant, ces modèles véhiculés dans les médias ne reflètent pas la réalité : moins de 5 % des femmes ont naturellement une silhouette semblable à celle des mannequins.

Effets de la publicité sur les jeunes

L'industrie de la publicité a tendance à cibler les jeunes de 8 à 14 ans, puisque ces derniers 

  • continuent souvent à consommer les mêmes marques à l'âge adulte; 
  • consultent plusieurs sources d’information, surtout les médias numériques; 
  • ont plus d'argent que les jeunes des générations précédentes. 

Les compagnies observent minutieusement leur comportement et leur habillement pour leur vendre une image sexualisée d'eux-mêmes. Toute une génération d’enfants est donc encouragée à adopter des attitudes et des comportements sexualisés pour lesquels ils ne sont prêts ni affectivement, ni intellectuellement, ni même physiquement.  

De plus, les marchés de la mode, des cosmétiques, de la musique et du cinéma visent particulièrement les jeunes filles par des produits qui leur sont « réservés », par exemple des rouges à lèvres fruités, des accessoires de coiffure et de manucure, des vêtements séduisants et même des sous-vêtements sexy. Rappelons que l'hypersexualisation est un phénomène social, ce qui veut dire que l’on doit critiquer les influences sociales, culturelles et médiatiques, et non les jeunes filles et les femmes. 

En étant entourées de poupées et de princesses dont la qualité première est la beauté, les filles apprennent très tôt à miser sur leur apparence. Quand Barbie a parlé pour la première fois, en 1968, elle avait six phrases à son répertoire dont celles-ci : « J’ai une date ce soir » et « Comme j’aime être mannequin! ». En 1992, Barbie tenait encore des propos stéréotypés, puisqu’elle disait : « Les mathématiques sont difficiles », « J’aime magasiner » et « Allons au bal ».  

Au Québec, la publicité à but commercial destinée aux enfants âgés de moins de 13 ans est interdite. Pour plus de détails, consultez le site Web de l’Office de la protection du consommateur Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.. Notons que, chaque jour, les enfants sont tout de même exposés à des centaines de publicités, qui influencent bel et bien leur perception de leur corps et de leur sexualité. Pour savoir comment dénoncer un message sexiste ou à caractère sexuel, consultez le site du Y des femmes de Montréal Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. ou le Guide d’accompagnement pour porter plainte contre les publicités et les messages sexistes et sexuels Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre..

Conséquences de l’hypersexualisation

L’hypersexualisation influence la perception que les jeunes se font de la sexualité. En effet, la quantité de contenus sexuels dans l’espace public inculque très tôt aux jeunes une vision déformée des relations entre les sexes.  

Par exemple, les filles et les garçons sont nombreux à être influencés par la pornographie facilement accessible sur Internet et à vouloir reproduire ces images dans leurs relations. En conséquence, les filles continuent d’être soumises au rôle de femme-objet et de victime. Puisqu’il est considéré comme cool pour un garçon d’avoir une sexualité active et de le dire haut et fort, plusieurs garçons sentiront également une pression pour être sexuellement performants, essayer différentes pratiques sexuelles, parfois avec plusieurs partenaires.  

Plusieurs adultes banalisent l’accès des jeunes à des contenus sexuels. Ils considèrent que les jeunes d’aujourd’hui en savent plus que ceux d’autrefois et que c’est pour le mieux. Or, même si les jeunes sont plus informés, cela ne veut pas dire qu’ils sont prêts à composer avec ces réalités. Le développement sexuel des enfants est resté le même.  

Dans le même ordre d’idées, l’hypersexualisation peut conduire à une sexualité précoce chez les jeunes. Séduits par les images proposées à la télévision et sur Internet, certains adoptent des comportements empruntés à une sexualité adulte, sans la maturité nécessaire pour affronter les situations qui en découlent. Les filles ont effectivement l’impression d’être anormales si elles ne sont pas intéressées par les rapports amoureux ou sexuels. Leur confusion est d’autant plus grande que les normes sociales sont contradictoires : elles devraient être à la fois innocentes et séductrices, vierges et expérimentées.  

Par contre, selon l’INSPQ, les jeunes ne sont pas plus précoces que les générations précédentes puisqu’ils vivent leurs premières expériences sexuelles vers le même âge. 

Avoir des relations sexuelles à un jeune âge est l’un des facteurs qui augmentent le risque d’infections transmises sexuellement et par le sang. Considérant que 1 jeune sur 20 a eu une première relation sexuelle avant l’âge de 14 ans, il semble essentiel de les sensibiliser assez tôt au risque de contracter une ITSS ou de vivre une grossesse non planifiée. 

Enfin, les médias influencent négativement la manière dont les filles et les garçons perçoivent leur corps. Consultez la page Image corporelle pour plus d’informations à ce sujet.

Espaces public et privé

L'espace public fait référence à tout ce qui est à l’extérieur de la maison, donc en grande partie aux médias (télévision, cinéma, magazines, panneaux publicitaires, médias sociaux, etc.). Il s’agit aussi de tous les endroits à l’usage de tous (parc, centre commercial, réseau routier, etc.). La ligne qui sépare le privé du public est de plus en plus floue dans notre société, et les enfants ne peuvent pas faire instinctivement la distinction entre les deux.  

En étant toujours exposés à des images qui devraient être privées, les jeunes ont plus tendance à afficher publiquement des aspects de leur vie intime et personnelle. Par exemple, ils utilisent les médias sociaux, notamment Facebook, Instagram, Snapchat et TikTok, comme un journal intime et deviennent plus vulnérables à différentes situations problématiques : exploitation sexuelle, intimidation, vol d'identité et autres.  

Pour plus d’informations à ce sujet, consultez la section Relations à l’ère numérique.

Conseils pour outiller les jeunes

Les adultes ont la responsabilité de faire comprendre aux jeunes que certaines images de l’espace public montrent des situations qui devraient se vivre dans l’intimité. Il faut absolument former leur esprit critique face à ces représentations sexualisées et à l’utilisation des médias sociaux.  

Même si les amis prennent une place centrale à l'adolescence, les jeunes accordent aussi beaucoup d'importance à l'opinion des adultes qu’ils apprécient ou en qui ils ont confiance. 

Voici quelques conseils pour sensibiliser les jeunes aux effets de l’hypersexualisation 

  • Critiquez ouvertement les images osées qui se trouvent dans l'espace public.  
  • Montrez des publicités qui valorisent la diversité et l'égalité entre les sexes. 
  • Expliquez les concepts de vie publique et de vie privée en faisant un parallèle avec les médias sociaux. 
  • Abordez simplement la sexualité avec les enfants. 

L’éducation sexuelle est l’affaire de tous. Les parents, le personnel en garderie de même que toute l’équipe-école peuvent sensibiliser les enfants et les jeunes à l’hypersexualisation et s’assurer que les étapes de leur développement sont respectées. Le sujet peut être abordé dès la petite enfance, que ce soit sous l’angle de la saine alimentation, comme de l’identité numérique ou des relations amoureuses. 

Dernière mise à jour : 14 juin 2023

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