Image corporelle

Le physique des filles et des garçons est souvent représenté de manière stéréotypée et sexiste dans les médias. Les films, les vidéoclips et les publicités affichent des corps minces, musclés et sans imperfections. Généralement retouchés par des logiciels, ces corps représentent un idéal irréaliste et qui peut être malsain.

En prônant un modèle unique de beauté, ces images peuvent causer aux jeunes plusieurs problèmes psychologiques, physiologiques et relationnels. Même si les filles et les garçons sont affectés de manière différente, la principale conséquence est la même : une insatisfaction quant à l'apparence.

Pour en savoir plus sur les effets des médias sur le développement des jeunes, consultez la page Effets de l’hypersexualisation.

Définition d’une image corporelle saine

L’image corporelle, c’est la perception qu’une personne a de son propre corps : c’est l’image qu’elle croit projeter, sa manière de se sentir dans son corps et ce qu’elle ressent quand elle y pense. Avoir une image corporelle saine et positive, c’est aimer son corps tel qu’il est. Une personne qui ne se sent pas bien dans son corps a une image corporelle négative. Le tableau ci-dessous compare les signes associés à ces deux situations.

Signes associés à une image corporelle positive ou négative

Signes d’une image corporelle positiveSignes d’une image corporelle négative
Je vois mon corps tel qu’il est.J’ai une fausse perception de la grosseur ou des formes de mon corps.
J’accepte mon corps comme il est dans le moment présent.J’éprouve du regret, de la honte, de la culpabilité ou de la haine à l’égard de mon corps et je cherche à le transformer.
J’accepte les habiletés et les particularités de mon corps.Je déprécie ou rejette certaines parties de mon corps.
J’ai confiance en mes capacités physiques.Je doute de mon corps et de ses habiletés physiques.
Je traite mon corps avec bienveillance.J’écoute peu mon corps, je nie ses besoins ou ne les reconnais pas.
Je fais mes propres choix alimentaires et je mange selon mon appétit.Je m'impose un régime alimentaire sévère ou je m’entraîne excessivement.
J’accepte que mon poids varie à l’occasion.Je fais de l’exercice par obligation et non par plaisir.

Comment se développe l’image corporelle

Développer une image corporelle saine est essentiel pour être en bonne santé physique et mentale. Plusieurs facteurs influencent positivement ou négativement le développement de l’image corporelle d’une personne. Par exemple :

  • La culture familiale, qui se traduit par exemple dans la relation des parents à la nourriture et à leur propre poids; 
  • Les jugements sur les autres et l'attitude démontrée envers la diversité corporelle, de respect ou de rejet;
  • Les traits physiques individuels, comme la longueur du nez, la taille de la poitrine ou la couleur de la peau, qui répondent, ou non, aux standards véhiculés par les médias; 
  • Les traits psychologiques individuels, comme la capacité d’apprentissage, les habiletés sociales et la personnalité, car la confiance en soi protège contre les moqueries et insultes. 

Perception de l’image corporelle selon l’âge 

Dès l’âge de 3 ans, l’enfant a conscience de son corps et de celui des autres. La croyance populaire voulant qu’une personne mince soit plus belle qu’une « grosse personne » est déjà assimilée à cet âge. Selon plusieurs études, les jeunes enfants préfèrent effectivement les jeux et jouets qui illustrent des personnes minces plutôt que rondes. 

À 4 ans, le désir d’être plus mince apparaît chez les filles. Elles peuvent déjà cibler une partie de leur corps qu’elles veulent modifier. 

Cette attitude envers son corps a tendance à s’accentuer en grandissant. Au Québec, 45 % des enfants de 9 ans sont insatisfaits de leur silhouette. Le tiers des filles de 9 ans a déjà tenté de perdre du poids (ISQ, 2002). 

À l’adolescence, lorsqu’une personne construit son identité, son corps est en pleine transformation. Entre 12 et 18 ans, elle est donc plus vulnérable à la pression sociale et aux images médiatiques. Être bien dans sa peau devient plus difficile, car elle veut correspondre aux normes sociales de beauté pour se faire accepter. 

Bien que la majorité des jeunes du secondaire aient un poids normal ou inférieur à la normale, plus de la moitié sont insatisfaits de leur apparence corporelle (ISQ, 2018). Les filles, davantage que les garçons, cherchent à perdre du poids (31% contre 16%) ou à maintenir leur poids (33% contre 28%), alors que les garçons sont plus nombreux à vouloir gagner du poids (19% contre 6%) ou à ne rien faire concernant leur poids (37% c. 30%). En somme, les filles ont tendance à vouloir maigrir, alors que les garçons veulent augmenter leur masse musculaire.

En conséquence, les jeunes ont tendance à adopter des habitudes malsaines, par exemple : 

  • Sauter des repas.
  • Acheter des produits de beauté ou des produits amaigrissants. Ces derniers ne sont pas sans danger : il n’existe aucune réglementation entourant la promotion et le marketing de produits naturels pour maigrir. 
  • Faire de l’activité physique de façon excessive afin d’amplifier sa masse musculaire. Cette dépendance, appelée la bigorexie, peut avoir des conséquences sur l’appareil locomoteur, la sécrétion des hormones, le système cardiorespiratoire et la santé mentale. 
  • Consommer des stéroïdes anabolisants et d’autres drogues.

Quant à l’âge adulte, un vaste sondage mené à travers le Canada Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. montre que 56 % des femmes ayant un poids santé (selon leur indice de masse corporelle) veulent perdre du poids. Au Québec, 73 % des répondantes affirment vouloir perdre du poids, et 62 % d’entre elles ressentent une pression sociale à cet effet ou pour être minces (Sondage Ipsos-Reid pour le compte des Producteurs laitiers du Canada, Managing a Healthy Weight: Canadian Women Speak Out - Largest Study of Women’s Attitudes on Managing their Weight, 2008 Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.). Une étude récente indique que la satisfaction à l’égard de l’image corporelle augmenterait chez les femmes âgées de plus de 60 ans, qui accorderaient une plus grande importance à leur santé qu’à leur apparence (Hockey et coll., 2021).

Pression de l’entourage

On accorde généralement une grande importance à son apparence physique et à celle des enfants, sans en être toujours conscients. Par exemple, le fait de souligner positivement la perte de poids d'une personne peut donner la fausse idée que maigrir est un objectif louable. 

On porte une attention encore plus grande à l’apparence des filles en leur disant qu’elles sont belles, par exemple, ou en commentant leur tenue vestimentaire et leur coiffure. Des études montrent que les filles reçoivent ainsi plus souvent des commentaires négatifs sur leur poids que les garçons. À titre d’exemple, une étude menée au Saguenay–Lac-Saint-Jean (PDF 649 Ko) rapporte que 38 % des adolescentes disent avoir reçu des commentaires négatifs sur leur poids de la part de leur entourage (parents, frères et sœurs, amis, etc.). Ces adolescentes sont évidemment plus nombreuses à avoir une image corporelle négative que celles à qui l’on ne fait pas ces remarques. 

En outre, les médias véhiculent le message que les filles doivent séduire et se définir en fonction du regard des autres. En conséquence, elles deviennent très préoccupées par leur physique et lui accordent beaucoup de temps, au détriment d’autres activités constructives. Elles auront tendance à s’investir dans le « paraître » bien plus que dans l’« être ».  

Les garçons sont aussi influencés par les médias qui les poussent à adhérer au modèle de beauté masculin. Toutefois, il semble qu’ils sont majoritairement moins affectés par des problèmes d’estime de soi. En effet, après la puberté, ils ne sont plus affectés ou éprouvent même une augmentation de leur estime personnelle, contrairement aux filles, chez qui elle diminue.

Depuis quelques années, on a vu apparaître le terme « grossophobie » qui désigne la discrimination envers les personnes grosses, en surpoids ou obèses. Celles-ci seraient régulièrement perçues comme faibles, peu motivées ou performantes, et blâmées pour leur problème de poids. 

Mentionnons que le poids et l’apparence physique arrivent en tête de liste des causes d’intimidation chez les élèves du primaire (ASPQ, 2020) et du secondaire (ASPQ, 2014). Il va sans dire que les jeunes intimidés sont plus à risque de manifester des comportements alimentaires malsains.

Statistiques sur les troubles alimentaires et l'image corporelle

  • Les recherches indiquent que les troubles alimentaires touchent de 2 % à 3 % de la population. En 2018, au Canada, on estimait qu’un million de personnes répondaient aux critères diagnostiques de troubles alimentaires, à 90 % des filles et des femmes (NIED, 2017).
  • En 2021, dans le contexte de la pandémie de COVID-19, les spécialistes sur le terrain constatent une augmentation des troubles alimentaires chez les jeunes de l’ordre de 60 % à 100 %, et une aggravation des cas rapportés.
  • Les troubles alimentaires sont associés au taux de mortalité global le plus élevé parmi tous les troubles mentaux, soit entre 10 % et 15 %.

Conseils pour favoriser une image corporelle saine

Comme adulte, vous jouez un rôle fondamental dans la construction d’une image corporelle saine chez les enfants. Vous êtes un modèle pour eux, et les commentaires que vous faites ou les activités que vous leur proposez influencent directement l’attention qu’ils porteront à leur apparence physique. Expliquer aux enfants qu’il faut prendre soin de son corps et avoir de saines habitudes de vie pour être en santé sera bien plus utile que de leur montrer à soigner leur apparence.  

Voici des conseils pratiques pour aider les enfants à développer une image corporelle positive et saine :  

  • Multipliez les stimulations sensorielles (bercer, masser, câliner) pour enseigner aux enfants, dès la petite enfance, que le corps peut être une source de plaisir et de confort. 
  • Encouragez les enfants à porter attention aux sensations physiques (faim, satiété, fatigue). 
  • Évitez les remarques sur votre propre corps ou poids, sur les aliments interdits ou qui « font engraisser ». 
  • Favorisez les repas en famille pour les aider à avoir une saine relation avec la nourriture. 
  • Ne forcez pas les enfants à manger s’ils n’en ont pas envie. Ne les privez pas de certains aliments ou d’une seconde portion s’ils ou elles ont encore faim. 
  • N’utilisez pas les aliments pour récompenser un comportement. 
  • Ne parlez pas de régimes, de diètes, etc. 
  • Montrez aux enfants des modèles de personnes qui se sentent bien dans leur peau, sans égard à leur poids ou à leur silhouette. 
  • Multipliez les occasions de les faire jouer à l’extérieur ou de participer à des jeux actifs. 
  • Encouragez les enfants à faire des activités comme le soccer, la danse ou les arts martiaux, afin qu’ils améliorent leurs habiletés physiques et se sentent compétents. 
  • Quand vous complimentez les enfants, vous pouvez évidemment souligner que vous les trouvez beaux pour leur apprendre à aimer leur apparence; mais assurez-vous de valoriser aussi d’autres aspects d’eux-mêmes, comme leur personnalité. 
  • Enseignez le respect et non la tolérance des moqueries, surtout celles concernant l’apparence physique. Apprenez à votre enfant comment répondre aux moqueries et abordez les conséquences de l’intimidation
  • Apprenez aux enfants à critiquer les images modifiées par des logiciels (ex : Photoshop). 
  • Discutez, dès la préadolescence, des changements que subit le corps à la puberté. Parlez de la génétique et des différentes morphologies.

Ressources d'aide

Joindre Anorexie et boulimie Québec

Joindre Tel-Jeunes

Dernière mise à jour : 28 juin 2023

Évaluation de page

L’information sur cette page vous a-t-elle été utile?
Avis général

Des questions ou besoin de renseignements?

Communiquez avec Services Québec