Caribou des bois, écotype montagnard, population de la Gaspésie

Nom français
Caribou des bois, écotype montagnard, population de la Gaspésie
Autre(s) nom(s) français
Caribou de la Gaspésie; caribou montagnard, population de la Gaspésie
Nom anglais
Woodland Caribou - Atlantic - Gaspésie Population, Mountain caribou
Nom scientifique
Rangifer tarandus caribou
Dans cette page :
Description
Le caribou des bois, écotype montagnard, population de la Gaspésie (caribou de la Gaspésie) est une espèce menacée. Il s’agit de la dernière population de caribous des bois au sud du fleuve Saint-Laurent.
Le caribou des bois est un animal à déclaration obligatoire. En tout temps, si vous trouvez un caribou blessé ou mort, contactez SOS Braconnage – Urgence faune sauvage au 1 800 463‑2191.
Identification
Taille
Longueur : 1,70 à 2,30 m. Hauteur à l’épaule : 1,04 à 1,40 m.
Poids
Le mâle pèse de 120 à 200 kg alors que la femelle pèse de 80 à 140 kg.
Coloration
Le caribou des bois possède un pelage présentant des nuances de blanc crème à brun foncé. Le patron de coloration varie grandement d’un animal à l’autre. Le pelage est habituellement plus foncé sur la face, les pattes et le dessus de la queue. Son cou, sa crinière, son ventre, sa croupe et le dessous de sa queue sont blanc crème.
Le faon a un pelage ondulé brun pâle ou brun rougeâtre. Son ventre est crème tandis que son museau et le tour de ses yeux sont habituellement noirs.
Traits caractéristiques
Le caribou des bois a un corps trapu couvert d’un pelage composé de deux couches de poils : un duvet fin et crépu qui est recouvert de poils de garde creux qui emprisonnent l’air, agissant ainsi comme un isolant naturel.
Ses pattes possèdent des ergots proéminents placés très bas et des sabots très larges en forme de croissant. Les larges sabots servent, en hiver, de raquettes et de pelles pour creuser les cratères d’alimentation et, en été, de pagaies pour traverser les cours d’eau.
Son museau est très velu, large et tronqué. Le caribou est le seul cervidé dont le museau est complètement couvert de poils. Sa queue est courte.
Croissance du panache
Contrairement aux autres cervidés, autant le caribou femelle que le caribou mâle possèdent des bois. Toutefois, ceux des mâles sont beaucoup plus imposants que ceux des femelles. De plus, seul le panache du mâle est caractérisé par des palettes frontales qui sont soit pointues soit palmées.
Le cycle de développement annuel des bois varie selon le sexe, le statut reproducteur et l’âge du caribou. Chez les mâles, la croissance des bois débute vers la mi-mars et s’accélère de mai à août. La peau qui recouvre le panache, appelée velours, permet l’apport du sang et des minéraux nécessaires à son développement. En septembre, le velours tombe laissant place aux bois durs qui sont utilisés pendant le rut pour défier les compétiteurs et accéder aux femelles. Les bois des mâles matures sont perdus après le rut, entre novembre et décembre. Ceux des jeunes mâles sont perdus entre janvier et mars. Chez les femelles, la croissance des bois débute vers la mi-juillet. Les bois durs sont conservés pendant tout l’hiver et servent à la défense des cratères d’alimentation. Les bois des femelles tombent pendant, ou peu de temps après, la période de mise bas, soit entre la mi-mai et la fin de juin. Il faut noter qu’un certain nombre de femelles adultes ne développeront jamais de bois. Chez les faons, les bois apparaissent généralement au cours du premier été, peu après la naissance.
Distinction
Le caribou des bois est un cervidé de taille intermédiaire entre le cerf de Virginie et l’orignal. Le caribou est le seul cervidé chez qui tant le mâle que la femelle portent des bois.
Le caribou des bois peut parfois être confondu avec l’orignal. Apprenez comment distinguer ces deux espèces.
Espèces similaires
Caribou des bois, écotype forestier
Empreintes

Les empreintes du caribou ressemblent à celles du cerf de Virginie et de l’orignal. © Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
Répartition
Le caribou de la Gaspésie fréquente les hauts sommets des massifs McGerrigle, dont les monts Jacques‑Cartier, et des massifs des Chic‑Chocs (comprenant les monts Albert et Logan). En hiver, le caribou de la Gaspésie utilise également la forêt de conifères matures avoisinant le parc national de la Gaspésie.
Cette population constitue le dernier vestige du caribou au sud du fleuve Saint-Laurent. À l’époque, le caribou occupait le Nouveau‑Brunswick, la Nouvelle‑Écosse, l’Île‑du‑Prince‑Édouard et la Nouvelle‑Angleterre.

Aire de répartition du caribou montagnard de la Gaspésie. © Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Répartition des trois écotypes de caribou des bois présents au Québec : le caribou forestier en vert, le caribou montagnard en jaune et le caribou migrateur en bleu. © Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
Présence au Québec
Origine
Indigène
Statut de résidence des populations
Cette espèce vit au Québec toute l’année.
État de la situation
Au début des années 1950, la population de caribous de la Gaspésie comptait de 700 à 1 500 individus. Au cours des années 1980, elle était d’environ 250 individus. En octobre 2021, la population était estimée à seulement 38 caribous.
Outre la chasse qui s’est poursuivie jusqu'en 1948, ce sont les perturbations de son habitat par les activités humaines (p. ex. exploitation forestière et minière) qui seraient la cause de ce déclin. Aujourd’hui, la précarité du caribou de la Gaspésie serait principalement attribuable au faible effectif de la population, au faible taux de survie des faons et des femelles causé par la prédation du coyote et de l’ours noir ainsi qu’à un habitat de moindre qualité.
Consultez la page La situation sur le caribou pour des informations supplémentaires.
Rang de précarité
Le rang de précarité provincial (rang S) pour cette espèce est S1.
Suivi
Le suivi de la population de caribous montagnards de la Gaspésie a été bonifié en 2017‑2018. Ce suivi permet d’obtenir des données sur plusieurs indicateurs biologiques, dont l’abondance et la santé des caribous de la Gaspésie. Les informations collectées servent à décrire l’état de situation de cette population de caribous. Elles permettent aussi d’évaluer les effets des mesures mises en place pour la restauration et la conservation de l’habitat du caribou de la Gaspésie. Toutes ces données aident le gouvernement à mettre en place une gestion adaptative de la population et de l’habitat. Ce type de gestion permet de s’adapter aux conditions changeantes et de procéder à des ajustements selon l’efficacité des mesures déployées.
Observation
Vous pouvez transmettre vos observations du caribou de la Gaspésie en remplissant le formulaire d’observation . Les données récoltées serviront à améliorer nos connaissances et à orienter nos interventions.
Habitat
Le caribou de la Gaspésie occupe principalement les milieux subalpin et alpin dont l’altitude est supérieure à 700 m. Il utilise, dans les altitudes inférieures, les sapinières matures (environ 70 ans). Sur les sommets, il fréquente les secteurs de toundra alpine et subalpine. Le groupe de caribous du secteur du mont Logan utilise davantage les peuplements de sapinières matures.
L’habitat du caribou de la Gaspésie est protégé légalement.
Domaine vital
Le domaine vital est la zone spatiale utilisée par un animal sauvage. Celui d’un caribou varie beaucoup en fonction de son écotype, de son sexe, de son âge et de la qualité de son habitat. De façon générale, le domaine vital du caribou, écotype montagnard, est d’une superficie variant de quelques centaines à quelques milliers de kilomètres carrés.
Alimentation
Le régime alimentaire du caribou de la Gaspésie varie selon les saisons. En été, le caribou se nourrit de mousses, de lichens et d’herbacées. En hiver, les lichens qui poussent sur le sol (terricoles) et sur les arbres (arboricoles) dominent son alimentation. Les lichens arboricoles, qu’on trouve dans les forêts matures de haute altitude, sont essentiels à la survie du caribou lorsque les lichens terricoles sont couverts de neige. Les lichens sont une source d’énergie hautement digestible et riche en sucres, mais faible en protéines et en potassium.
Reproduction
La période de rut et d’accouplement du caribou de la Gaspésie a lieu à l’automne, de septembre à novembre.
La maturité sexuelle est atteinte entre 18 et 30 mois. Toutefois, seuls les mâles présentant un fort gabarit et des bois développés accèdent habituellement aux femelles.
Les mâles sont polygynes, c’est-à-dire qu’un même mâle peut s’accoupler avec plusieurs femelles au cours d’une même saison de reproduction. Afin de signaler son statut de reproducteur, le mâle brame, secoue les arbustes avec ses bois et affronte ses rivaux dans des rituels (entrecroisement des bois) généralement sans blessure. Pendant le rut, le mâle se nourrit peu. Il garde son énergie pour les affrontements entre mâles et l’accouplement avec les femelles.
La gestation dure de 225 à 235 jours. Entre la fin de mai et la mi-juin, les femelles se dispersent dans divers types d’habitat pour donner naissance à leurs faons. Les femelles de la population de la Gaspésie, suivies par télémétrie de 2013 à 2016, ont mis bas généralement entre le 20 mai et le 1er juin.
La plupart des femelles s’accouplent pour la première fois à l’âge de 2,5 ans et donnent naissance à un seul faon par année. La présence de jumeaux est très rare, voire anecdotique chez le caribou. Les femelles du caribou de la Gaspésie préfèrent les secteurs en altitude, généralement rocailleux, accidentés et dépourvus d'arbres.
Quelques heures après sa naissance, le faon se dresse sur ses pattes et suit sa mère dans ses déplacements. Dès l’âge de trois jours, il parcourt des distances minimales semblables à celles des adultes, et il commence à brouter après deux semaines de vie. À un an, il accompagne parfois encore la femelle dans les aires de mise bas.
Le caribou a une longévité typique pour un cervidé, soit entre 8 et 15 ans.
Les caribous femelles sont moins productifs que les cerfs de Virginie ou les orignaux femelles. Les femelles ne produisent qu’un seul faon par année, alors qu’un cerf de Virginie femelle ou un orignal femelle ont de un à trois faons par année. Les caribous femelles se reproduisent également à un âge plus tardif que les femelles des autres espèces de cervidés. Ces particularités réduisent le potentiel de croissance annuelle et la capacité de renouvellement d’une population de caribous comparativement aux autres espèces de cervidés vivant au Québec.
Maladies
Le caribou de la Gaspésie peut être affecté par différents parasites et maladies qui ont rarement des effets majeurs sur les individus ou à l’échelle de la population. Actuellement, les infections par les pathogènes ne sont pas une menace pour la population de caribous montagnards de la Gaspésie.
Menaces pour l’espèce
Les principales menaces qui pèsent sur le caribou montagnard de la Gaspésie sont :
- La destruction, la dégradation et la fragmentation de son habitat, notamment par les coupes forestières et le développement de parcs éoliens;
- Le dérangement par les activités récréatives telles que l’utilisation de véhicules motorisés hors route, la pratique de sports de glisse, la randonnée, le camping et la villégiature;
- L’augmentation du nombre de prédateurs. La présence de loups, d’ours noirs ou de coyotes découle principalement des perturbations dans l’habitat;
- La construction de routes et de chemins multiusages qui facilitent à ces prédateurs l’accès au caribou;
- Les activités industrielles de prospection ou d’exploitation minière dans l’aire de répartition en périphérie du parc national de la Gaspésie, qui peuvent stresser les caribous ou les amener à abandonner leur habitat.
Désignation et rétablissement
Le caribou des bois, écotype montagnard, population de la Gaspésie possède les statuts suivants selon :
- la Loi sur les espèces menacées et vulnérables (Québec) : menacée;
- la Loi sur les espèces en péril (Canada) : Consultez le Registre public des espèces en péril
pour en savoir plus.
Cette espèce est associée à l’Équipe de rétablissement du caribou de la Gaspésie . Consultez les mesures qui ont été entreprises pour protéger les caribous montagnards.
Apprenez-en plus sur le processus de désignation des espèces fauniques au Québec.
Pour en savoir plus
Plan de rétablissement de la population de caribous de la Gaspésie – 2019-2029
Plan d’action favorisant le rétablissement de la population de caribous de la Gaspésie 2019
Revue de littérature sur les facteurs impliqués dans le déclin des populations de caribous au Québec
Actions relatives au rétablissement de la population des caribous de la Gaspésie 2019
Plan d’aménagement forestier de l’aire de fréquentation du caribou de la Gaspésie 2013-2018
Plan d’aménagement de l’aire du caribou de la Gaspésie (2007)
Procédure normalisée de fonctionnement – Caribou des bois
Travaux d'acquisition de connaissances
Rapport sur la situation du caribou du parc de conservation de la Gaspésie (mars 1996)
BRADLEY, R. D., L. K. AMMERMAN, R. J. BAKER, L. C. BRADLEY, J. A. COOK, R. C. DOWLER, C. JONES, D. J. SCHMIDLY, F. B. STANGL JR., R. A. VAN DEN BUSSCHE et B. WÜRSIG (2014). “Revised Checklist of North American Mammals North of Mexico”, Museum of Texas Tech University Occasional Papers, 327: 27 p.
ÉQUIPE DE RÉTABLISSEMENT DU CARIBOU DE LA GASPÉSIE (2018). Plan de rétablissement de la population de caribous (Rangifer tarandus caribou) de la Gaspésie – 2019-2029, produit pour le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, Direction générale de la gestion de la faune et des habitats, 59 p.
INTEGRATED TAXONOMIC INFORMATION SYSTEM (ITIS) (2018). Integrated Taxonomic Information System [En ligne] [https://www.itis.gov/ ].
NATURESERVE (2020). “An Online Encyclopedia of Life”, sur le site de NatureServe Explorer [En ligne] [https://explorer.natureserve.org/ ].
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PRESCOTT, J., et P. RICHARD (2013). Mammifères du Québec et des Maritimes, Éditions Michel Quintin, Waterloo, Québec, 3e éd., 480 p.
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Dernière mise à jour : 11 décembre 2023