Un paysage agricole avec vue sur des boisés de ferme au loin.
Les paysages agricoles du Québec sont parsemés de boisés de ferme. © Martin Blache, MAPAQ.

Saviez-vous que la plupart des agriculteurs du Québec qui élèvent des animaux de ferme possèdent aussi des boisés sur leur terre? Ils les préservent avec soin. Contrairement aux idées reçues, la production animale chez nous n’entraîne donc pas de déboisement, et c’est une excellente nouvelle!

En conservant un couvert forestier sur leur ferme, les éleveurs font leur part pour l’environnement. En effet, les boisés favorisent la biodiversité, tant végétale qu’animale, et augmentent la qualité de l’eau et des sols. Tout cela a une influence positive sur les changements climatiques.

Bien que l’agriculture soit présente dans toutes les régions du Québec, seulement 2 % des terres sont cultivées. Même dans les régions plus agricoles, le relief du terrain empêche qu’on cultive ou qu’on élève des animaux à plusieurs endroits. Ainsi, les montagnes, les cours d’eau et les milieux moins favorables à l’agriculture ou à l’élevage restent préservés.

Producteurs agricoles et leurs boisés

On le sait, les arbres jouent un rôle important dans notre patrimoine paysager. Les boisés de ferme ont aussi une influence positive sur la protection de la biodiversité : ils regroupent une diversité d’espèces d’arbres et d’autres végétaux, qui abritent une faune importante.

Les agriculteurs prennent soin de leur boisé de ferme. S’ils coupent parfois des arbres, ils ne déboisent jamais le secteur au complet. Ils choisissent certains arbres matures et sains pour les transformer en bois de sciage, par exemple. Ils peuvent aussi, année après année, couper les arbres morts ou malades, et s’en servir comme bois de chauffage. Plusieurs exploitent des érablières. Une fois encore, ils utilisent le bois sec et tombé en forêt pour transformer le sirop d’érable. Cela complète ainsi leur revenu agricole.

Les boisés de ferme abritent une grande diversité d’animaux, dont des chevreuils, des orignaux et des dindons sauvages. Ils aiment les interventions de l’homme sur leur forêt! En effet, les animaux se nourrissent des résidus de la coupe forestière, comme les branches encore fraîches. De plus, les éclaircies créées par la coupe favorisent la croissance de jeunes pousses d’arbre, dont ils raffolent. C’est un point important, car en absence de végétaux forestiers, ces animaux envahissent les champs situés à proximité pour se nourrir et causent des dommages parfois importants aux cultures. Ainsi, en exploitant leur forêt, les agriculteurs leur garantissent de la nourriture et les incitent à ne pas visiter les champs.

Aménagement des boisés de fermes

Souvent, les exploitants agricoles font appel à des groupements forestiers qui les soutiennent pour aménager leur forêt. L’objectif de ces groupements est double : d’une part, protéger et aménager durablement les ressources forestières et, d’autre part, favoriser le développement économique des régions ainsi que la valorisation et l’enrichissement du patrimoine forestier.

Dans les régions plus agricoles, où les boisés sont moins présents, les agriculteurs contribuent aussi à augmenter la présence d’arbres. Ils plantent, par exemple, des haies brise-vent, formées de rangées d’arbres, aux abords des cours d’eau et des pâturages. Ces haies réduisent l’érosion par le vent, favorisent la biodiversité et abritent des oiseaux ou des chauves-souris qui se nourrissent d’insectes nuisibles. Dans les pâturages, ces haies font de l’ombre aux animaux et améliorent leur bien-être. Tout cela en agrémentant le paysage!

Ce que la loi nous apprend

Au Québec, on déboise rarement pour mettre de la terre en culture ou pour nourrir les animaux d’élevage. Cette pratique est réglementée et de nombreuses étapes sont à franchir si on veut couper une grande quantité d’arbres. Il faut entre autres obtenir des autorisations de plusieurs organismes :

  • le ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques;
  • la MRC ou la municipalité dans laquelle on souhaite déboiser;
  • la Commission de protection du territoire agricole du Québec;
  • l’Agence de mise en valeur des forêts privées de la région.

Même si un agriculteur reçoit les autorisations requises, il doit respecter plusieurs conditions. Il doit conserver les érables, les zones humides et les zones de biodiversité protégées et laisser une bande boisée de bonne largeur près des cours d’eau. Dans certaines régions, il est simplement interdit de déboiser.

La prochaine fois que vous verrez un paysage bucolique, composé d’un troupeau de bovins dans un pâturage à l’avant-plan et d’une belle forêt juste derrière, pensez-y : les éleveurs prennent soin de leurs animaux, mais aussi de leurs boisés de ferme.

Les agronomes du Comité des pratiques responsables en productions animales

Apprenez-en plus sur d’autres pratiques responsables utilisées par les éleveurs québécois en consultant la page Pratiques responsables en productions animales et en lisant les nouvelles liées proposées plus bas.

Dernière mise à jour : 3 mars 2022